Battue il y a dix mois par Donald Trump, Hillary Clinton publie ce mardi aux Etats-Unis un récit personnel ('What happened' - Ca s'est passé comme ça) sur sa défaite. Elle y assume sa part de responsabilité mais refuse d'absoudre le FBI, la Russie et les médias.
L'ancienne candidate, qui fêtera le mois prochain ses 70 ans, ne mâche pas ses mots sur le successeur de Barack Obama: un 'menteur', sexiste, indigne et incompétent. Elle dit s'être 'frappée le front' en l'entendant expliquer que le problème nord-coréen n'était 'pas si simple'.
Elle raconte le 'choc' de la soirée du 8 novembre 2016, le jour de sa défaite à la présidentielle, recluse dans sa chambre d'hôtel de New York, le sentiment d'être 'vidée', la 'tristesse' qui ne la quitta pas pendant des semaines.
Refusant les antidépresseurs et la psychanalyste, elle confie avoir trouvé refuge dans sa famille, une technique de respiration alternative enseignée par sa professeur de yoga... et le Chardonnay.
Marathon médiatique
'Il n'y a pas eu une journée depuis le 8 novembre durant laquelle je ne me suis pas posé la question: pourquoi ai-je perdu ? J'ai parfois du mal à me concentrer sur autre chose', écrit celle qui s'était fait une religion de ne jamais fendre l'armure en public.
La sortie de 'What Happened' (version française disponible dès le 20 septembre) s'accompagne d'une tournée de promotion aux Etats-Unis et au Canada. Elle devait dédicacer son livre mardi à New York. Suivront diverses interviews et une quinzaine de conférences payantes jusqu'en décembre.
Ce rouleau-compresseur médiatique qu'est Hillary Clinton fait grincer les dents de quelques démocrates, qui préfèreraient aller de l'avant. Mais, signe qu'elle garde un socle de supporteurs indéfectibles, plusieurs conférences sont déjà complètes.
Sanders épinglé
Le récit qu'Hillary Clinton fait de la cérémonie d'investiture de Donald Trump, à laquelle elle a participé en tant qu'ancienne première dame, une tragicomédie. Elle imagine le discours qu'elle aurait fait et raconte avoir échangé un regard de stupéfaction avec Michelle Obama. Elle dit aussi s'être moquée des élus républicains qui sont venus la saluer, rappelant par exemple à l'un d'eux qu'il l'avait traitée d'antéchrist.
Elle éreinte aussi son ancien rival des primaires démocrates, Bernie Sanders, lui reprochant son agressivité durant la campagne. Et répète un conseil prodigué par Barack Obama: 'N'essaie pas d'être branchée... tu es grand-mère'.
Elle énumère enfin les facteurs qui ont contribué à sa défaite: désir de changement, rejet de sa personne, misogynie, sentiment de désaffection économique d'une partie des classes populaires blanches.
Mais selon elle, Donald Trump a aussi exploité 'l'anxiété raciale et culturelle' des Blancs. 'Nombre de ses électeurs avaient peur que les gens de couleur (afro-américains, Mexicains, musulmans) menacent leur mode de vie'.
La presse dans le collimateur
Hillary Clinton est persuadée, citant notamment l'analyse du site FiveThirtyEight.com, que c'est l'intervention du directeur du FBI, James Comey, onze jours avant l'élection, qui a fait basculer une fraction de l'électorat dans quelques Etats-clés vers Donald Trump, assez pour assurer sa victoire. M. Comey avait rouvert l'enquête sur ses emails, avant de la refermer deux jours avant le scrutin.
Combinée aux messages internes piratés par la Russie et publiés par WikiLeaks, la réouverture de ce dossier brûlant a eu un effet dévastateur, démultiplié selon Hillary Clinton par l'obsession démesurée des journalistes politiques pour cette affaire.
'Leur vrai problème est qu'ils ne peuvent supporter l'idée de faire face à leur propre responsabilité dans l'élection de Trump', accuse-t-elle. Le New York Times est cité.
Hillary Clinton assure qu'elle ne se représentera plus. 'Mais je ne vais ni bouder, ni disparaître. Je ferai tout pour soutenir les candidats démocrates', conclut-elle dans son récit. Ignorant les démocrates qui espèrent tourner, un jour, la page Clinton.
/ATS