Les paysans devraient recevoir 514 millions de francs en moins entre 2018 et 2021, sur un total de 13,27 milliards. Le Conseil fédéral a transmis mercredi au Parlement sa proposition pour l'agriculture. Il fait un geste en réduisant le montant des économies prévues.
En novembre, la Confédération a mis en consultation un plan d'austérité qui aurait réduit le budget quadriennal de l'agriculture de 750 millions, lui laissant 13,041 milliards. Des milliers de paysans avaient manifesté leur colère contre cette coupe, soutenus à Berne par l'UDC et le PDC.
Lors des débats sur le budget 2016, l'agriculture est sortie grande gagnante, en étant quasiment le seul secteur à échapper aux réductions proposées par le Conseil fédéral. Outre le supplément de la 'loi chocolatière', le Parlement a en effet ajouté 61,1 millions dans l'enveloppe de 2,8 milliards prévue pour les paiements directs.
Coupes dans les paiements directs
Le Conseil fédéral prend en compte cette décision dans sa planification financière pour les années suivantes. Mais il ne renonce pas pour autant aux mesures d'économie. L'enveloppe totale sera finalement délestée de 514 millions de francs, soit 3,7% de moins que par rapport aux années 2014-2017.
Les trois enveloppes destinées à soutenir les paysans seront touchées: les moyens financiers pour les paiements directs seront réduits de 60 millions de francs par an par rapport à 2016. Leur volume sur quatre ans baissera à 2,75 milliards de francs, calcule le Conseil fédéral.
Les aides à l'investissement seront coupées de près de 30 millions par an par rapport à 2016 et les délais de remboursement seront réduits. Le Conseil fédéral espère ainsi favoriser les projets rentables et peu coûteux.
Les dépenses pour la promotion des ventes seront amputées de 2,5 millions à partir de 2019, passant à 65 millions. Les contributions à la sécurité de l'approvisionnement seront réduites de 40 millions par an. Les contributions à la qualité du paysage sont en revanche maintenues à 150 millions par an et celles pour la biodiversité vont se stabiliser à 400 millions jusqu'en 2021.
Plus de biodiversité
Pour favoriser la qualité plutôt que la quantité de prés présentant une grande diversité de plantes et animaux, la Confédération aimerait aussi revoir ses contributions, en réduisant petit à petit celles destinées aux surfaces qui ont une moins grande diversité florale.
Par ailleurs, le gouvernement souhaite améliorer la compétitivité des exploitations agricoles, favoriser les modèles de coopérations entre elles et réduire la charge administrative. Ces crédits et ces améliorations seront mis en oeuvre à travers des ordonnances, précise le Conseil fédéral.
Revenu agricole stable
Selon le centre pour la recherche agricole Agroscope, ces réductions financières ne devraient pas avoir d'impact important sur le modèle de production de l'agriculture. Les tendances actuelles devraient se poursuivre, avec une réduction du nombre de vaches, le maintien de la production végétale et l'augmentation de la biodiversité.
Par ailleurs, Agroscope table sur la poursuite de la baisse du nombre d'exploitations agricoles. Ce faisant, le revenu net du secteur devrait rester stable à quelque 2,8 milliards de francs d'ici à 2021.
Le président de l'Union suisse des paysans et conseiller national Markus Ritter (PDC/SG) ne partage pas ce point de vue et rejette les économies dans les paiements directs. Ils ont une influence directe sur le revenu des paysans et sont nécessaires, à l'heure où le marché du lait est 'dévasté'.
/ATS