5G: pas d'adaptation des valeurs limites actuelles

Le groupe de travail mis sur pied pour faire le point sur la téléphonie mobile, notamment le ...
5G: pas d'adaptation des valeurs limites actuelles

Plusieurs options pour la 5G en Suisse, mais pas de consensus

Photo: KEYSTONE/PETER KLAUNZER

Il n'y a pas de recette idéale pour introduire la 5G en Suisse. Le groupe de travail focalisé sur l'avenir de la téléphonie mobile n'est pas tombé d'accord sur une adaptation des valeurs limites d'immission pour les installations. Il a toutefois présenté cinq options.

'Nous n'avons pas trouvé de consensus nous permettant d'émettre une recommandation' aux autorités fédérales, a concédé jeudi devant les médias à Berne Paul Steffen, sous-directeur de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) et directeur du groupe de travail. Celui-ci comptait 27 membres représentant notamment cantons, villes, services de protection de l'environnement et de la santé ainsi qu'opérateurs.

Le groupe de travail sur la téléphonie mobile a été mis sur pied en 2018 par l'ex-conseillère fédérale Doris Leuthard. Il devait se pencher sur l'avenir du secteur, notamment le déploiement des réseaux 5G, en fonction des besoins et sous l'angle des risques sanitaires. Le rapport a été transmis au Département fédéral de l'environnement (DETEC) qui décidera de la suite à y donner.

Cinq options à examiner

Le groupe de travail a élaboré cinq options 'permettant toutes une couverture 5G en Suisse', a poursuivi M. Steffen. Elles varient en fonction du degré de modification des valeurs limites d'immission, du degré d'exposition des usagers au rayonnement non ionisant, de la quantité de nouvelles installations et rénovations nécessaires, des coûts ainsi que du niveau et de la qualité de la couverture.

L'option la plus chère, évaluée à 13 milliards de francs, nécessiterait la construction de 46'500 nouvelles antennes. Il faudrait environ 30 ans à la Suisse pour avoir une couverture 5G de bonne qualité. Par contre, les exigences en terme de valeurs limites seraient plus strictes - avec des maxima de puissance et de quantité de données - et l'exposition des utilisateurs au rayonnement moindre.

L'option la moins chère, estimée à 900 millions milliard de francs, nécessiterait la construction de 3500 exploitations conjointes et 3000 réaménagements. La valeur limite serait relevée à 11,5 volt par mètre (V/m) pour chaque opérateur sur une même installation, et non décidée pour l'ensemble de l'installation. Une couverture 5G de qualité optimale serait obtenue en l'espace de 5 à 10 ans.

Un manque de recul

'Nous soutenons cette alternative car elle permet une utilisation optimale des ressources existantes', a dit Stefan Netzle, de la Commission fédérale de la communication (Comcom). Les autres variantes prônent notamment un statu quo sur les valeurs limites, solution à 7,7 milliards de francs avec une couverture 5G plutôt lente, ou une forte hausse à 20 V/m, très libérale et relativement peu coûteuse.

Le groupe de travail a également planché sur différentes études et l'état des recherches internationales concernant les effets du rayonnement non ionisant sur la santé. Tumeurs, fatigue, fertilité, grossesse: les preuves d'effets néfastes 'restent insuffisantes' pour la plupart des problèmes, a dit Martin Röösli de l'Institut tropical et de santé publique suisse, membre du groupe de travail.

Son rapport englobe aussi pour la première fois tous les faits relatifs à la technologie et aux prévisions de volumes de données. Il recommande notamment de renforcer l'information à la population et l'intensification de la recherche sur les effets de la téléphonie mobile sur la santé, de créer un service de consultation de médecine environnementale et de poursuivre le dialogue avec tous les acteurs.

Bras de fer politiques

Les licences 5G sont entrées en vigueur en février. Sunrise, Swisscom et Salt ont acquis des fréquences pour 380 millions de francs. Sunrise affirme disposer du plus gros réseau suisse, avec plus de 300 villes et de 80% de la population couverts. Quant à Swisscom, il veut toujours en couvrir 90% d'ici fin 2019.

Les opérateurs dénoncent l'illégalité des mesures prises récemment par plusieurs cantons romands. Tour à tour, Genève, Vaud et le Jura notamment ont décrété un moratoire dans l'attente des conclusions de la Confédération.

Le réseau de téléphonie mobile actuel compte environ 12'300 installations. Les cantons sont responsables de leur contrôle et octroient les permis de construire. C'est la Confédération qui est chargée de la protection des personnes contre les rayonnements nocifs et décide des valeurs limites, a rappelé le groupe de travail.

Des opposants à la 5G ont lancé cet automne une initiative populaire demandant que les valeurs limites du rayonnement non ionisant ne soient pas relevées, même avec de nouvelles méthodes de mesure. Elle est assortie d'autres exigences voulant prév. enir les effets sur la santé. En outre, 18 interventions parlementaires sur ce thème ont été déposées en 2019 et une pétition réclame un moratoire sur la 5G.

/ATS
 

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