L'Arabie saoudite et les Etats-Unis sont les plus mauvais élèves de l'action climatique, selon un rapport annuel publié lundi évaluant une cinquantaine de pays, qui salue l'engagement de la Suède et du Maroc. La Suisse se place au 9e rang.
'La Suisse profite de la méthode employée, qui ne tient compte que des émissions de CO2 produites dans le pays', note le WWF Suisse, présent dans la délégation suisse à la conférence de l'ONU sur le climat de Katowice (COP24). Elle importe cependant de très nombreux produits occasionnant des émissions importantes et génère ainsi plus de CO2 à l’étranger qu’à l’intérieur de ses frontières, poursuit le WWF dans un communiqué.
La méthode utilisée ignore également le fait que la Suisse fait partie des rares pays à ne pas réduire fondamentalement ses propres émissions de gaz à effet de serre, préférant continuer à acheter des certificats d’émissions, poursuit le WWF.
Rang flatteur pas mérité
'La Suisse atteint un rang flatteur à tort, grâce à une concurrence et une méthodologie faibles', insiste Patrick Hofstetter, responsable Climat et énergie au WWF Suisse. 'Si l’évaluation portait sur les émissions provoquées effectivement par notre consommation, elle se classerait à l’une des dernières places.'
En matière d’émissions de CO2 du trafic ou des bâtiments notamment, elle obtient de très mauvaises notes. Et concernant le développement des nouvelles énergies renouvelables, les chiffres sont mauvais et ne s’améliorent guère, constate aussi le WWF.
Manque de volonté politique
De fait, l''Index de performance sur le changement climatique' publié en marge de la COP24 en Pologne, 'montre que seuls quelques pays ont commencé à mettre en oeuvre des stratégies pour limiter le réchauffement en deçà de +2°C ou +1,5°C', comme prévu par l'accord de Paris, estiment dans un communiqué les ONG 'Germanwatch', 'Climate Action Network' et le 'New Climate Institute'.
'Malgré la croissance et la compétitivité des énergies renouvelables', le rapport 'montre un manque de volonté politique de la plupart des gouvernements de sortir des énergies fossiles au rythme nécessaire', poursuivent-ils.
Les Etats-Unis régressent
L'Arabie saoudite reste bonne dernière de ce classement, mal notée dans tous les secteurs de l'évaluation (émissions de gaz à effet de serre, utilisation énergétique, énergies renouvelables et politique climatique).
Viennent ensuite les Etats-Unis, qui perdent trois places par rapport à 2017, poursuivant leur pente descendante depuis l'annonce par Donald Trump de la sortie de l'accord de Paris. Le président étasunien a encore appelé samedi à 'mettre fin' à cet accord et 'démantèle les règles destinées à réduire les émissions', souligne le rapport.
L'Iran et Taïwan sont également dans le groupe des 'très mauvais' élèves, comme de nombreux pays du G20 (Japon, Turquie, Russie, Canada, Australie, Corée du Sud).
Trois premières places vides
Si les trois premières places sont vides, 'parce qu'aucun des 56 pays ou l'UE ne sont sur un chemin clair' remplissant l'objectif de limiter le réchauffement à +2°C, la Suède arrive en tête à la 4e place, comme l'an dernier.
Dans ce pays, les chauffages à mazout et à gaz ont déjà pratiquement disparu. D’ici 2045, la Suède a l’intention d’avoir complètement abandonné les énergies fossiles.
Elle est suivie par le Maroc, qui gagne une place grâce en particulier au développement des énergies renouvelables. L'Inde se classe 11e, gagnant trois places pour les mêmes raisons.
La Chine passe de la 41e à la 33e place
La Chine fait également un bond de la 41e à la 33e place, un reflet 'des progrès' pour réguler les émissions industrielles et développer les renouvelables. Même si ses émissions de CO2 sont reparties à la hausse récemment.
L'UE en tant que bloc gagne également cinq places, à la 16e place. Mais l'Allemagne, 27e, perd cinq places, et la France, 21e, en perd six.
Alors que quelque 200 pays sont réunis à Katowice jusqu'en fin de semaine pour tenter de donner vie à l'accord de Paris, les mauvaises nouvelles s'accumulent. Ainsi, les émissions de CO2 ont connu en 2018 une hausse inédite depuis sept ans.
/ATS