Après l'échec des négociations avec ses créanciers, Athènes a décidé la fermeture temporaire des banques grecques et l'instauration d'un contrôle des capitaux. Le Premier ministre a affirmé que 'l'épargne des citoyens, les salaires et les retraites sont garantis'.
Alexis Tsipras n'a pas précisé la durée de ces mesures radicales. Les médias grecs tablent sur leur maintien au moins jusqu'à dimanche prochain, date du référendum. La Bourse d'Athènes devait aussi rester fermée, au moins lundi, selon une source proche du dossier.
Lors de son intervention télévisée, dimanche soir Alexis Tsipras a notamment déclaré que la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de ne pas prolonger le plan d'aide internationale à la Grèce a contraint la Banque centrale grecque à recommander un contrôle des capitaux et une fermeture temporaire des établissements bancaires.
Il a aussi annoncé avoir redemandé dimanche une extension du programme d'aide à l'UE et à la BCE. Il a précisé attendre une réponse de la BCE.
Le chef du gouvernement grec a en outre affirmé que rien ne pourra empêcher la tenue d'un référendum dimanche sur l'offre des créanciers d'une aide de 15,5 milliards d'euros pour une durée de cinq mois en échange d'une hausse des impôts et une réduction des dépenses. Il a personnellement appelé à voter 'non' à cette consultation.
Appel au calme
Alexis Tsipras a aussi invité la population à garder son sang-froid. La mise en place d'un contrôle des capitaux a été redoutée durant tout le week-end, et les distributeurs de billets grecs ont été pris d'assaut.
'J'ai essayé plusieurs machines, cinq, six, huit, dix...', a dit à l'AFP Voula, excédée. 'Je suis inquiète, triste et en colère contre le gouvernement. Je le déteste!'
A l'étranger également, cette préoccupation se fait ressentir. Certains pays, dont l'Allemagne, ont encouragé leurs ressortissants se rendant en Grèce à prendre avec eux suffisamment d'argent liquide.
Signaux positifs
Depuis samedi, la Grèce se trouve dans une situation aux conséquences imprévisibles. Ce pays risque de ne pas pouvoir rembourser mardi 1,6 milliard d'euros qu'elle doit au FMI. Sans une perfusion de ses créanciers, ce sera le défaut de paiement qui guette, prélude à une éventuelle sortie de la zone euro (le 'Grexit').
Cependant, les créanciers ont envoyé dimanche des signaux positifs. D'abord, la BCE a donné un répit à la Grèce en maintenant intact le plafond de fourniture de liquidités d'urgence aux banques grecques, alors qu'on craignait qu'elle leur coupe les vivres.
'Porte ouverte'
Le Commissaire européen au Affaires économiques Pierre Moscovici a aussi répété sur Twitter le mantra de la Commission: 'la porte est toujours ouverte' pour négocier. De son côté, le Premier ministre français Manuel Valls a exhorté les Grecs à 'revenir à la table des négociations'.
Par ailleurs, Barack Obama et Angela Merkel ont jugé dimanche 'très important' que la Grèce revienne sur un chemin de réformes et de croissance 'au sein de la zone euro', a rapporté la Maison Blanche. Le président américain et la chancelière allemande se sont entretenus par téléphone.
'Position de force'
Par ailleurs, le FMI se tient prêt à apporter 'son assistance' en cas de nécessité, a dit sa directrice générale Christine Lagarde. Selon elle, la zone euro est en 'position de force' pour faire face à la crise grecque et maintenir 'la stabilité' de la région.
Du côté des banquiers centraux, l'urgence est de prévenir l'effondrement du système bancaire grec et la contagion au reste de l'Europe. De fortes turbulences sont à prévoir dès lundi sur les marchés.
Réunions à Berlin et Paris
Lundi après-midi Angela Merkel recevra les chefs des groupes parlementaires et des partis. Cette réunion sera consacrée à la Grèce et aux conséquences possibles pour la zone euro.
Plus tôt dans la matinée, le président français François Hollande dirigera un conseil restreint pour évoquer la situation de la Grèce. Le Premier ministre Manuel Valls a dit croire dimanche qu'un accord est encore possible.
/ATS