Le décès de Benoît Violier a suscité une énorme vague d'émotion, soulignant la notoriété mondiale du chef de Crissier. Beaucoup s'interrogent sur l'avenir de l'Hôtel de Ville sans sa figure de proue. André Kudelski affirme sa confiance dans une équipe exceptionnelle.
'Les anges vont se régaler avec toi, mais moi j'ai perdu un ami': lundi au lendemain du suicide de Benoît Violier à 44 ans, des anonymes sont venus déposer des fleurs sur le pas de la porte de l'Hôtel de Ville de Crissier (VD), trois étoiles au Michelin et sacré 'meilleur restaurant du monde' en décembre par 'La Liste'.
L'émotion est très vive et les messages de sympathie ont afflué du monde entier, de la part de ses pairs, mais aussi de personnalités diverses, de simples amateurs ou d'un public frappé par la tragédie d'un homme aux qualités unanimement louées.
Une quatrième étoile
'S'il existait une quatrième étoile au Michelin, il l'aurait eue', a commenté Gérard Rabaey, l'ancien chef du Pont-de-Brent (VD) auréolé de trois étoiles et 19 points au GaultMillau. A la tristesse s'ajoutait l'incompréhension de la quasi-totalité des interlocuteurs, tant Benoît Violier débordait de passion, d'énergie et de projets.
Face au drame, les pensées sont allées en premier aux proches. 'C'est une tragédie humaine, je pense à sa femme, à son fils', a déclaré le conseiller d'Etat vaudois Philippe Leuba. Le chef franco-suisse Benoît Violier était 'un homme profondément vrai, fidèle à lui-même alors qu'il était connu partout'.
Une très grande tristesse
Très touché, l'industriel André Kudelski n'a pas caché sa peine. 'C'est une très grande tristesse. C'est quelque chose que l'on ne comprend pas. La vie humaine reste un mystère et même quand on pense connaître des personnes, on ne sait peut-être pas tout', a reconnu celui qui s'investit depuis longtemps dans l'aventure de l'Hôtel de Ville.
Questionné sur le futur de l'établissement, qui est aussi une petite entreprise de plusieurs dizaines d'employés, André Kudelski a souligné qu'il voulait regarder l'avenir et faire 'confiance à l'exceptionnelle équipe' de l'Hôtel de Ville.
Construit pour durer
A Crissier, 'il y a une créativité, une émulation qui a eu lieu depuis des années. C'est clair que tout le monde est sous le choc. Mais ce qui a été bâti par Benoît Violier a été construit pour durer, pas pour être éphémère. C'est extrêmement important de faire confiance à ceux en qui Benoît Violier avait confiance', a affirmé André Kudelski.
Ce n'est pas une question d'argent, d'investissement, 'c'est une question humaine, c'est une très belle aventure humaine. Il y a des personnes, il y a des familles, il faut faire avec', a souligné le patron vaudois.
Des craintes pour la suite
Malgré ces paroles rassurantes, l'interrogation sur l'avenir du restaurant taraudait bien des esprits. 'C'est la grande inconnue', selon Gérard Rabaey. 'Il faut un chef, un général dans des maisons comme ça, il faut du charisme. Même s'il a de bons ouvriers, est-ce que cela ne sera pas disloqué' par ce décès, s'est demandé le chef à la retraite.
Les enjeux dépassent de loin la seule gastronomie. Toute une région est frappée par la disparition d'un de ses meilleurs éléments. 'C'est une perte immense pour le canton de Vaud et son rayonnement. Benoît Violier aimait les produits du terroir, le chasselas ou les fromages d'ici. Il les faisait connaître. C'était un atout fantastique', a commenté Philippe Leuba qui n'a pas voulu se prononcer sur la suite.
/ATS