Julius Baer a fait les frais l'an passé du règlement du conflit fiscal avec les Etats-Unis. Alors que la justice américaine a approuvé l'accord passé à ce titre, l'établissement zurichois a vu son bénéfice net plonger de 67% en un an à 121 millons de francs.
Le Département américain de la justice (DoJ) a approuvé l'accord conclu en décembre avec le bureau du procureur du district sud de New York en vue de régler le litige fiscal avec les Etats-Unis, précise lundi Julius Baer. Un tribunal doit encore statuer sous peu sur l'arrangement, lequel comprend une amende de 547,25 millions de dollars (559,29 millions de francs au cours actuel et comptabilisé à 521 millions par la banque).
L'affaire devrait bientôt être résolue, a relevé le directeur général de Julius Baer, Boris Collardi, cité dans le communiqué. Dans le cadre de l'accord annoncé fin décembre, Julius Baer, un des établissements helvétiques classés dans la catégorie 1 dans le cadre de l'accord signé entre Berne et Washington, avait étoffé la provision constituée en vue de payer l'amende de 197,25 à 547,25 millions de dollars.
Le règlement du conflit fiscal avec les Etats-Unis aura cependant mis beaucoup de temps à se dessiner pour Julius Baer. L'annonce de l'accord approuvé par la justice américaine intervient notamment plus de vingt mois après la conclusion du différend entre Credit Suisse et le DoJ, le 20 mai 2014. Le numéro deux bancaire helvétique s'était alors acquitté d'une amende de 2,815 milliards de dollars.
Intégration d'IWM achevée
Sans tenir compte de l'amende le bénéfice net de Julius Baer s'est accru de 20% à 701 millions de francs. Le résultat net ajusté des charges de restructuration et d'intégration ainsi que des amortissements liés aux acquisitions, mais incluant la provision pour le conflit fiscal, a chuté de moitié (-52%) à 279,2 millions.
Durant l'année sous revue, Julius Baer a notamment achevé l'intégration des activités de gestion de fortune hors Etats-Unis et Japon de l'institut américain Merrill Lynch (IWM), dont la reprise avait été annoncée en août 2012. La banque a également acquis l'an passé le gestionnaire indépendant genevois Fransad, le luxembourgeois Commerzbank international Luxembourg et la filiale suisse de la Banque Leumi, entre autres.
L'afflux net de nouveaux fonds s'est tassé de 1 milliard de francs au regard de 2014 à 12 milliards de francs. A fin 2015, les avoirs sous gestion se montaient à un niveau record de 300 milliards de francs, 3% de plus qu'un an auparavant et cela malgré l'impact de 10 milliards des effets de change.
Si le bénéfice net de Julius Baer s'est révélé supérieur aux attentes des analystes, tout comme les fonds sous gestion, le résultat net s'est inscrit à un montant inférieur aux anticipations. Sondés par l'agence awp, les experts tablaient sur un bénéfice net de 77 millions de francs, un résultat net ajusté de 719 millions et des actifs gérés de 296 milliards.
Charges en forte hausse
Dans le détail, les revenus se sont étoffés l'an passé de 5,8% à 2,69 milliards de francs. Les charges ont quant à elles bondi de 29,6% à 2,38 milliards, conséquences des provisions constituées pour régler le litige fiscal avec Washington.
Ce dernier conflit désormais écarté et les activités IWM intégrées, Julius Baer s'est fixé de nouveaux objectifs au niveau opérationnel à moyen terme. L'établissement table à moyen terme sur rapport coûts/revenus (hors charges de restructuration et autres amortissements) de 64 à 68%, contre 65 à 70% auparavant.
La banque annonce en outre l'introduction d'un niveau plancher pour son taux de fonds propres durs (BIS CET1) fixé à 11%. Pour les capitaux propres selon la norme BIS, le seuil minimal de 15% demeure approprié. A fin décembre, ces deux valeurs se situaient, respectivement à 18,3 et 19,4%.
/ATS