Le besoin irrépressible de boire constamment peut être une habitude sans conséquence, le signe d'un trouble psychique ou encore la marque du diabète insipide. Des chercheurs bâlois et allemands ont mis au point un test sanguin de diagnostic rapide.
Boire plus de trois litres par jour, en éliminant en conséquence par voie urinaire, est considéré comme excessif, a indiqué jeudi l'Université de Bâle dans un communiqué. Ce trouble appelé syndrome polyuro-polydipsique est la plupart du temps une habitude ou un effet secondaire d'une maladie psychique.
Dans de rares cas toutefois, il peut être le signe d'un diabète insipide dû à une déficience de l'hormone vasopressine libérée par la neurohypophyse. Ayant une action antidiurétique, elle régule les taux d'eau et de sel dans le corps. Ce diabète, à ne pas confondre avec le diabète sucré, tire son nom du fait qu'il n'y a pas de sucre dans l'urine et qu'autrefois, les médecins goûtaient les urines.
Les patients concernés produisent de grandes quantités d'urine très diluée qui ne peuvent être réduites par une baisse de l'apport de liquide. Boire moins n'augmente pas la concentration des urines et ils doivent s'abreuver en conséquence afin de ne pas se dessécher.
Distinguer entre une polydipsie primaire et un diabète insipide est très important dans la pratique médicale: dans le premier cas, les patients suivent une thérapie comportementale, dans le second, ils reçoivent de la vasopressine. Or administrer cette hormone à un sujet sain peut provoquer une hyperhydratation potentiellement mortelle.
Assoiffer les patients
Jusqu'ici, la méthode de diagnostic consistait à assoiffer les patients en les privant de tout liquide pendant seize heures. On mesurait ensuite la concentration de leurs urines. Cependant, ce test ne fournissait que dans la moitié des cas environ un résultat clair, et pour les patients, il était extrêmement lourd et désagréable.
Les chercheurs de l'Université et de l'Hôpital universitaire de Bâle, avec des confrères de l'Université de Leipzig (D), ont mis au point une nouvelle technique. Elle consiste à administrer aux patients pendant deux heures sous perfusion une solution saline hypertonique. On mesure ensuite dans le sang le taux du biomarqueur copeptine, un peptide sécrété en même temps que la vasopressine.
Les scientifiques ont effectué sur 150 patients dans 11 hôpitaux une comparaison entre les deux tests. Résultat: un taux de succès de 97% pour la nouvelle méthode, contre 77% pour l'ancienne.
Le nouveau test est donc introduit avec effet immédiat dans la pratique clinique, conclut l'Université de Bâle. Ces travaux sont publiés dans le New England Journal of Medicine.
/ATS