Joe Biden et Emmanuel Macron ont affiché jeudi avec force leur bonne entente, s'engageant d'une même voix à soutenir l'Ukraine 'aussi longtemps qu'il le faudra' et à 'coordonner' leur réponse vis-à-vis de la Chine, ainsi qu'à gérer leurs différends.
'Nous resterons unis pour s'opposer à la brutalité' de la Russie en Ukraine, a affirmé le président américain lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue français, qui a lancé: 'On veut réussir ensemble, pas l'un contre l'autre'.
Les deux présidents se sont notamment engagés à fournir à l'Ukraine 'une aide politique, sécuritaire, humanitaire et économique aussi longtemps qu'il le faudra', y compris en renforçant la défense anti-aérienne de ce pays, selon un communiqué conjoint publié à l'issue d'une rencontre de plus d'une heure dans le Bureau ovale à la Maison Blanche.
'Coordonnés' sur la Chine
Sur la Chine, ils se sont engagés à 'coordonner' la réponse de leurs pays aux 'défis posés' par le géant asiatique, notamment en matière de droits humains et à travailler 'avec la Chine sur des sujets mondiaux d'importance, comme le changement climatique'.
Les deux dirigeants ont aussi exprimé leur désir de 'renforcer le partenariat entre les Etats-Unis et l'Union européenne sur l'énergie propre et le climat' et se sont engagés à travailler pour 'synchroniser' leurs approches en matière d'industrie verte, après des frictions autour des subventions accordées par les Etats-Unis aux produits 'Made in USA'. M. Macron a dénoncé des mesures 'super agressives' pour les entreprises européennes.
Alliance solide
Les deux hommes avaient auparavant réaffirmé la solidité de l'alliance entre les Etats-Unis et la France. 'Les Etats-Unis ne pourraient pas demander de meilleur partenaire avec qui travailler que la France', a affirmé le dirigeant américain depuis les jardins de la Maison Blanche.
'Notre destin commun est de répondre ensemble' aux défis du monde, lui a répondu le président français. 'Nos deux nations sont soeurs dans leur combat pour la liberté', a-t-il assuré, appelant à ce que la France et les Etats-Unis redeviennent 'frères d'armes'.
Mauvais début
L'octogénaire démocrate se fait fort, après les convulsions de la présidence de Donald Trump, de resserrer les liens avec les partenaires traditionnels des Etats-Unis, dont leur 'plus vieil allié', la formule consacrée à Washington pour désigner la France.
Cela n'avait pourtant pas très bien commencé avec son homologue français. En septembre 2021, les Etats-Unis avaient annoncé une spectaculaire nouvelle alliance militaire avec le Royaume-Uni et l'Australie, soufflant à la France un énorme contrat de sous-marins.
Joe Biden, sans revenir sur le fond de la décision, avait reconnu une 'maladresse'. Il a depuis tout fait pour apaiser Emmanuel Macron, un processus qui, selon les analystes, culmine dans cet accueil solennel à Washington.
Programme d'investissements
Depuis un autre sujet de dissension est apparu: voulant redynamiser son industrie et rassurer une classe moyenne ébranlée par la mondialisation, tout en tenant tête à Pékin, le président démocrate a en particulier fait voter un gigantesque programme d'investissements, le 'Inflation Reduction Act' qui inquiète les Européens.
Mais jeudi, il a assuré que les créations d'emplois ne se fassent pas aux dépens de l'Europe. 'Vous allez peut-être régler votre problème mais vous allez aggraver le mien', a dit Emmanuel Macron à des parlementaires américains, en insistant sur la nécessité pour la France aussi de soutenir la classe moyenne et l'emploi.
Ces choix 'vont fragmenter l'Occident', a-t-il ensuite martelé devant la communauté française. Ils 'ne peuvent fonctionner que s'il y a une coordination entre nous, si on se décide ensemble, si on se resynchronise'.
Emmanuel Macron devait encore se rendre jeudi au département d'Etat pour un déjeuner en présence la vice-présidente Kamala Harris avant de participer au dîner de gala dans la soirée à la Maison Blanche.
/ATS