Le président de la FIFA Joseph Blatter a vendu en 2005 des droits télévisuels pour 600'000 dollars au président de l'Union caribéenne de football (CFU), Jack Warner. Ce prix est bien en dessous de la valeur du marché, a affirmé vendredi l'émission '10vor10' de la SRF.
Selon un contrat montré par la télévision publique alémanique, les droits de retransmission de la Coupe du monde en Afrique du Sud (2010) ont été cédés à M. Warner pour 250'000 dollars et ceux du mondial au Brésil (2014) pour 350'000 dollars. L'intéressé était alors vice-président de la Fédération internationale de football (FIFA) et président de la Confédération de football d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes (CONCACAF).
Le contrat a été signé le 12 septembre 2005, uniquement par Sepp Blatter pour la FIFA et Jack Warner pour l'Union caribéenne de football, indiquent les documents présentés par SRF.
Or le montant des droits télévisuels est beaucoup trop bas, a déclaré dans l'émission '10vor10' Jaimie Fuller, l'entrepreneur qui a lancé New FIFA Now, un mouvement pour plus de transparence au sein de l'association sportive. 'C'est environ 5% de la valeur du marché', a précisé l'Australien. C'est surtout la première fois que le nom de M. Blatter apparaît directement sur un document, selon lui.
Abus de confiance
Pour la professeure de droit Monika Roth, le comportement de M.Blatter pourrait relever du droit pénal, notamment quant à un éventuel abus de confiance. La question se pose de savoir si ces droits télévisuels ont été vendus au prix du marché ou à un prix d'ami, s'est-elle interrogée dans l'émission de la SRF.
L'abus de confiance est un délit poursuivi d'office, a-t-elle ajouté. Le Ministère public de la Confédération devrait enquêter, d'après la professeure de droit.
Samedi, la FIFA a refusé de commenter les allégations contre MM.Blatter et Warner. La fédération a toutefois précisé dans un communiqué en soirée que sur la base du contrat passé avec l'Union caribéenne de football, elle devait non seulement toucher une redevance forfaitaire, mais aussi une participation au bénéfice à hauteur de 50% de tous les revenus de sous-licence.
La FIFA a annulé cet accord le 25 juillet 2011 parce que, entre autres manquements, l'Union caribéenne de football ne s'acquittait pas des paiements.
Liste des suspects
Accusé de corruption et blanchiment d'argent aux Etats-Unis, Jack Warner a été arrêté à Trinité-et-Tobago, son pays d'origine, puis libéré sous caution. Washington demande son extradition.
La liste des suspects dans l'affaire de corruption présumée à la FIFA ne cesse toutefois de s'allonger. Ainsi les autorités suisses enquêtent en ce moment contre un inconnu et se battent avec une montagne de dossiers.
Une vaste entraide judiciaire est nécessaire avec l'étranger, d'après le procureur général de la Confédération Michael Lauber. Six mois après leur lancement, les enquêtes dans le cas prioritaire avancent, explique-t-il dans une interview à la NZZ am Sonntag.
Le nombre de dossiers est cependant incroyablement grand et les ramifications s'étendent dans le monde entier. Une task force de plusieurs collaborateurs sélectionne actuellement les dossiers et concentre ses recherches sur les points les plus importants.
Michael Lauber devrait en dire plus lundi à Zurich. Le procureur général doit en effet faire le point sur l'état de l'enquête sur les affaires de la FIFA devant les médias en compagnie de la secrétaire d'Etat américaine à la justice Loretta Lynch.
/ATS