Le gouvernement brésilien a dévoilé lundi des mesures d'austérité drastiques combinant baisses des dépenses et hausse des impôts. Le montant total économisé devrait atteindre 65 milliards de reals (16 milliards de francs).
Le gouvernement espère combler un déficit budgétaire prévisionnel ayant entraîné une dégradation de la note souveraine du pays dans la catégorie spéculative.
L'essentiel de cette somme proviendra du rétablissement pour une durée de quatre ans de la taxe sur les transactions financières (CPMF). Elle permettrait de lever 32 milliards de reals l'an prochain, pour autant que le Congrès se laisse convaincre d'adopter une telle mesure à laquelle il s'est déjà opposé.
Alors que le pays est entré en récession, les baisses de dépenses touchent les programmes de santé et de logement social, les investissements dans les infrastructures, les subventions agricoles ainsi que les salaires et les primes des fonctionnaires.
Les coupes effectuées dans les domaines de la santé et du logement constituent un choix symboliquement fort pour la présidente Dilma Rousseff et son Parti des travailleurs (PT). Ils avaient toujours refusé de toucher à ces programmes sociaux.
Mesures drastiques
Le plus emblématique de ces programmes, la Bolsa Familia mise en place par l'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, est épargné. Cette politique permet de distribuer une 'bourse familiale' aux ménages modestes sous certaines conditions, notamment que les enfants soient scolarisés.
Le gouvernement brésilien va aussi limiter les crédits d'impôts pour le secteur chimique, réduire de deux milliards de reals les remboursements aux exportateurs de biens manufacturiers et relever jusqu'à 30% la taxe sur les plus-values pour dégager 1,8 milliard de reals de recettes supplémentaires.
Les propositions du ministre des Finances, Joaquim Levy, contiennent aussi une mesure symbolique avec la suppression de 10 ministères fédéraux à Brasilia, ce qui devrait permettre d'économiser 200 millions de reals.
Ce paquet est destiné à combler un trou de 30 milliards de reals figurant dans le projet de budget pour 2016 adressé le mois dernier par Dilma Rousseff au Congrès, l'objectif étant de parvenir à un excédent primaire représentant 0,7% du produit intérieur brut (PIB).
Fuite de capitaux crainte
'Nous traversons une période difficile et il nous faut ajuster beaucoup de choses', a dit Joaquim Levy au cours d'une conférence de presse. L'apparition d'un déficit dans le projet de budget 2016 a conduit mercredi dernier l'agence Standard & Poor's à abaisser la note souveraine du Brésil, excluant ainsi ce dernier de la catégorie des émetteurs les plus sûrs.
Si une autre agence prenait une décision identique, cela déclencherait probablement une fuite massive de capitaux. De nombreux fonds de pension étrangers et de grands investisseurs seraient en effet amenés à se débarrasser de leurs titres brésiliens conformément à leurs principes de fonctionnement.
Cette dégradation pourrait néanmoins avoir servi les intérêts de Joaquim Levy, dont la volonté de réduire les dépenses publiques s'est heurtée jusqu'à présent à l'hostilité d'une partie du gouvernement et des députés.
L'économie brésilienne s'est contractée de 1,9% au deuxième trimestre par rapport au premier, entrant ainsi en récession.
/ATS