La banque centrale chinoise (PBOC) a relevé jeudi un taux d'intérêt à court terme. Ce léger resserrement monétaire est qualifié de 'normal', après la hausse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) annoncée la veille.
La PBOC a remonté le taux d'intérêt auquel elle procure des liquidités aux banques commerciales du pays via des accords de rachats ('reverse repo') à sept jours: celui-ci est passé de 2,5% à 2,55%, renchérissant le coût auquel les établissements empruntent à court terme.
C'est la première grande décision de l'institution depuis la nomination, lundi, d'un nouveau gouverneur au profil réformiste, Yi Gang, qui était jusqu'alors vice-gouverneur.
'Cette hausse d'ampleur modérée correspond aux attentes du marché et constitue une réaction normale' après le relèvement des taux de la Fed, a assuré la PBOC dans un communiqué.
Comme largement attendu, les membres de la Réserve fédérale américaine ont décidé mercredi, à l'unanimité, de relever les taux de l'institution d'un quart de point.
L'action de la PBOC ne surprend guère: 'C'est la troisième fois depuis mars 2017 que la banque centrale chinoise relève ses taux (à court terme) en réaction à un resserrement de la Fed', note Betty Wang, de la banque ANZ.
Pour elle, cependant, la mesure confirme un cycle de resserrement monétaire de la PBOC, à l'heure où Pékin entend durcir sa bataille contre les 'risques financiers' et endiguer la folle envolée du crédit dans le pays.
Pour autant, le relèvement jeudi du taux à sept jours pourrait n'avoir qu'un impact très limité.
Liquidités déjà rationnées
'La PBOC rationne déjà le volume des liquidités qu'elle injecte dans le système financier via ses opérations régulières' sur le marché, et les taux interbancaires, auxquels les banques se prêtent des fonds entre elles, 'dépendant bien davantage du volume de ces liquidités que des fluctuations marginales du taux de repo', souligne Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.
En pratique, assure-t-il, cela ne traduit donc pas nécessairement un resserrement monétaire, puisque 'rien n'interdit à la PBOC de gonfler ses injections de liquidités tout en remontant' ses taux à court terme.
De fait, la banque centrale continue d'apporter son soutien à une activité économique toujours fragile, via des assouplissements ciblés des réserves obligatoires des banques pour les inciter à doper leurs prêts aux entreprises.
Pour M. Evans-Pritchard, la PBOC veut surtout 'donner l'impression de suivre les mouvements de la Fed' en vue de 'minimiser les fuites de capitaux et la pression sur le yuan' - puisque un relèvement des taux américains rend plus attractifs les placements en dollars pour les investisseurs chinois.
/ATS