Seul producteur de cannes de hockey basé en Suisse, Composites Busch a su tirer parti de ses connaissances techniques pour se développer dans ce secteur. S'il ne s'agit pas de son activité principale, elle perdure depuis 25 ans malgré la concurrence.
L'entreprise sise à Porrentruy (JU) a été fondée en 1988 par sa maison-mère allemande Busch Vacuum, active dans les pompes à vide et les compresseurs. Sa mission: développer une alternative, réalisée en carbone, aux 'palettes' classiques, un composant essentiel des pompes à vide qui permet de créer le vide en tournant.
Ces palettes sont toujours exclusivement fabriquées pour Busch Vacuum. Mais rien n'empêchait la firme ajoulote d'utiliser son savoir-faire dans d'autres secteurs. Dans le domaine sportif, elle a ainsi d'abord développé des guidons de vélos et des tiges pour les selles de vélos. Avant de se lancer dans le hockey sur glace en 1992.
Parti d'une feuille blanche
René Gigon, le premier directeur de la société, est proche du club de hockey local, le HC Ajoie, dont il sera d'ailleurs président de 1997 à 1999.
'Comme les cannes en bois utilisées à l’époque cassaient beaucoup, le chef matériel du club lui a demandé pourquoi il n'en produirait pas en carbone', se rappelle Alain Lallemand, présent chez Composites Busch depuis les débuts de la firme, dont il est aujourd'hui directeur adjoint.
'Avec le bois, les joueurs cassaient 80 à 100 cannes par saison. Avec le carbone, cette marque est descendue à 8-10. Chaque canne coûte certes cinq fois plus cher que le bois, mais dure dix fois plus longtemps', calcule-t-il.
Le défi était important au niveau technique: 'Nous sommes partis de rien: nous devions tout designer, y compris les moules et les machines', explique l'ingénieur en matières composites. 'Nous avons été les premiers à inventer et commercialiser ces cannes', affirme Ahmet Muderris, directeur de Composites Busch.
Jusqu'à 22'000 cannes par an
Pour autant, le hockey ne constitue pas le secteur principal de l'entreprise bruntrutaine, même s'il demeure historiquement important.
'Cette activité nous fait une bonne publicité et nous donne un côté 'fun' pour se faire connaître dans les milieux industriels', relève Alain Lallemand. Néanmoins, cela peut parfois être 'négatif, car on peut penser que nous ne faisons que cela', pondère M. Muderris, tout en soulignant qu''il s’agit du seul produit qui porte notre nom.'
A l'apogée de cette unité, au début des années 2000, 22'000 cannes étaient vendues par an. Aujourd'hui, 4000 pièces sont produites chaque année, dont un millier à Porrentruy, où elles sont développées. Le reste est fabriqué en Europe de l'Est et en Asie. L'activité hockey compte pour 3 à 5% du chiffre d’affaires de Composites Busch, ajoute Ahmet Muderris, sans toutefois préciser les revenus de la société.
La Suisse comme marché principal
En moyenne, trois à quatre employés travaillent à l'élaboration des cannes, sur un total de 57 collaborateurs. Les variations de la demande peuvent être absorbées à l'interne par une redistribution des tâches. 'Dans la manufacture de produits sportifs en Suisse, il est difficile de survivre uniquement en ne produisant que des cannes de hockey', observe le dirigeant.
Le choc du franc fort a amené à diminuer les marges et améliorer la compétitivité interne. Le renchérissement des prix de vente en francs a pu être compensé par le coût des matières premières, majoritairement achetées en zone euro et aux Etats-Unis. La production basée dans plusieurs pays a globalement 'permis de rester compétitif au niveau des prix', détaille M. Muderris.
Cela étant, 'la Suisse constitue notre marché principal à 95%', note Julien Coeudevez, responsable de l’activité hockey de la firme depuis 2007. Alors que les géants du secteur produisent toute une gamme d'équipement allant des casques aux patins, Busch n'a pas voulu se développer comme marque de hockey complète.
Aussi actif dans la santé
'Le hockey a constitué pour nous un tremplin et un laboratoire', dixit Alain Lallemand. Composites Busch s'est ainsi largement diversifié depuis ses débuts.
La société est aujourd'hui également active dans les secteurs mécanique, aéronautique, horloger et médical. Elle génère d'ailleurs plus de la moitié de son chiffre d'affaires dans le domaine de la santé.
/ATS