Alors que la bière continue de bénéficier des faveurs des consommateurs, la production de la boisson houblonnée a stagné en Suisse au cours de l'année brassicole 2014/2015. Conséquence de la canicule estivale, elle s'est établie à 4,65 millions d'hectolitres.
Au regard de l'année brassicole précédente, achevée à fin septembre, la production helvétique a légèrement augmenté de 0,1% ou 6083 hectolitres, a annoncé lundi l'Association suisse des brasseries (ASB). L'organisation, qui rassemble 17 membres assurant 96% de la fabrication de bière consommée en Suisse, a jugé la performance satisfaisante.
Un bon résultat intervenu dans un contexte général de baisse de la consommation en Europe et d'une conjoncture qui s'est une nouvelle fois dégradée durant l'exercice sous revue. Au rang des difficultés, la faîtière brassicole mentionne le franc fort et le tourisme d'achat qui en a résulté, mais aussi la pression sur les marges exercée par la distribution, des commandes réduites de la part des clients des restaurants ainsi que la défection des touristes européens.
La production des brasseries suisses a augmenté de 1,8% à quelque 3,46 millions d'hectolitres, leur permettant d'accroître leur part de marché de 73,2% à 74,4% en l'espace d'un an. La part des importations au marché helvétique s'est tassée de 4,4% à près de 1,19 million d'hectolitres.
La faute à la canicule
Si un temps chaud et ensoleillé influence de manière favorable la consommation de brunes, blondes ou autres ambrées, il ne faut cependant pas qu'il fasse trop chaud, ce qui fut le cas avec les températures caniculaires affichées en juillet et en août. 'L'expérience montre que l'amateur de bière tend à donner la préférence à l'eau minérale naturelle à partir d'une température de 28 degrés', explique Markus Zemp, le président de l'ASB, cité dans le communiqué.
Dans une telle situation, 'il n'est dès lors pas étonnant que le bilan des ventes de bière soit équilibré par rapport à l'année précédente', ajoute M. Zemp. Reflet de l'attrait des consommateurs pour les mousses indigènes, le nombre de brasseries a continué de progresser l'an passé.
L'Administration fédérale des douanes (AFD) recense ainsi actuellement pas moins de 574 brasseries actives en Suisse, une bonne dizaine de plus qu'un an auparavant. A titre de comparaison à plus long terme, elles n'étaient que 35 en 1985. Et M. Zemp de se réjouir d'une diversité accrue, d'autant plus qu'aucun revirement de tendance ne se dessine.
Reste que sur ces quelque 600 fabricants de bière, les 50 plus grands assurent pas moins de 99% de la production. Mais toutes incarnent la diversité et la créativité de la branche ainsi qu'une attention et une notoriété accrues à un patrimoine culturel millénaire, se félicite l'ASB.
Inquiétudes
Evoquant l'environnement législatif et politique, l'organisation faîtière fait part de sa satisfaction quant à l'adoption par le Conseil fédéral de la nouvelle loi protégeant le label suisse. Elle se réjouit tout particulièrement du fait que le gouvernement ait finalement accepté d'inclure l'eau dans le calcul de la 'suissitude' d'une boisson si elle lui confère ses caractéristiques essentielles et ne sert pas à la dilution.
L'ASB s'inquiète en revanche du projet LARGO, lequel vise à adapter au droit européen les ordonnances fédérales dans le domaine des denrées alimentaires. De 'nouvelles chicanes', comme par exemple les mises en garde dans les trois langues dans tout le pays, menacent les brasseurs.
L'ASB s'inquiète aussi d'un possible échec de la révision de la loi sur l'alcool après sept ans de débats et de discussions et en particulier des désaccords sur la promotion de la production des spiritueux indigènes et leur imposition, entre autres. Elle espère cependant un sauvetage de la loi sur le commerce de l'alcool.
/ATS