Ravageur invasif, le scarabée japonais a été repéré pour la première fois en juin au Tessin. Des chercheurs d’Agroscope ont testé des champignons dits insectopathogènes déjà utilisés contre des hannetons indigènes. Les premiers essais sont très prometteurs.
Au Japon, l'insecte est rarement considéré comme ravageur du fait de ses prédateurs naturels. Mais il y a une centaine d’années environ, il a entrepris de conquérir le monde. Au début du 20e siècle, il aurait été découvert pour la première fois aux Etats-Unis, après quoi il s’est rapidement répandu dans tout le continent nord-américain.
Les larves du scarabée japonais (Popillia japonica) sont des vers blancs. Comme leurs homologues indigènes, ils vivent dans le sol et se nourrissent de racines. Leur nourriture de prédilection sont les graminées et les herbacées des prairies humides, mais des vers blancs du scarabée japonais ont déjà été repérés dans les champs de maïs et de soja, a indiqué mardi Agroscope dans un communiqué.
Les scarabées adultes sont encore moins difficiles. Ils peuvent se nourrir de près de 300 espèces végétales. Leur menu comporte notamment des arbres, mais aussi des plantes ornementales et enfin des espèces importantes pour l’agriculture comme le maïs, la vigne, les fraises et les tomates. Les scarabées mangent non seulement les feuilles des plantes, mais aussi les fleurs et les fruits, causant ainsi des dégâts supplémentaires.
Champignons insectopathogènes
En juin de cette année, les premiers insectes ont été capturés au Tessin, à la frontière italienne. Les scientifiques d’Agroscope Giselher Grabenweger et Franco Widmer ont eu l'idée d'utiliser des champignons qui infectent les insectes (dits insectopathogènes).
Depuis plusieurs années, cette méthode respectueuse de l’environnement est employée avec succès pour contrôler les vers blancs voraces du hanneton commun, du hanneton de la St-Jean et du hanneton horticole. Agroscope a beaucoup d’expérience dans ce domaine et possède une grande collection de souches de champignons indigènes utilisés pour lutter contre différents ravageurs.
Toutes les autorisations nécessaires à la réalisation d’un premier essai de lutte contre l’organisme de quarantaine qu’est le scarabée japonais ont été obtenues en un temps record. Après que des dispositions de sécurité très strictes eurent été prises, des scarabées capturés sur le territoire italien ont été amenés à la station de recherche d’Agroscope à Zurich.
Résultats très prometteurs
Ils ont été placés dans une cabine spécialement conçue pour les organismes de quarantaine et infectés par des champignons issus de la collection d’Agroscope. En l’espace de quelques jours, presque tous les scarabées japonais étaient morts.
Après un peu plus d’une semaine, du mycélium se développait déjà sur le cadavre des scarabées et formait des spores. Les souches suisses de champignons n’ont eu apparemment aucun mal à utiliser le scarabée exotique comme animal-hôte.
Mais entre ces premiers succès et l’utilisation de cette méthode dans la pratique, il reste encore un long chemin à parcourir. Les résultats obtenus en laboratoire doivent d’abord être confirmés sur le terrain et il faut trouver comment amener le champignon nuisible au ravageur sur la parcelle.
L’emploi de champignons insectopathogènes serait néanmoins une solution élégante et biologique. En 2018, les scientifiques d’Agroscope testeront en collaboration avec l’Office fédéral de l’agriculture, le canton du Tessin et leurs collègues en Italie si cette approche peut être mise en pratique.
Unis contre le scarabée japonais
Pour pouvoir effectuer les essais, Agroscope a mis en place une collaboration avec les services phytosanitaires du Piemont (I) et du Tessin. Des autorisations ont dû être demandées pour pouvoir importer les insectes d’Italie et réaliser les essais en Suisse.
Grâce au soutien du Service phytosanitaire fédéral (Office fédéral de l’agriculture) et du Bureau de biotechnologie de la Confédération (Office fédéral de l’environnement), ainsi qu’à celui de scientifiques dans différents groupes de recherche à Agroscope, les autorisations ont pu être obtenues rapidement.
L’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) a fait office de consultant sur les questions de sécurité. Les essais d’infection doivent en effet être réalisés dans des conditions strictement contrôlées dans une station de quarantaine.
/ATS