Le marché libre n'arrive plus à garantir qu'il n'y aura plus de pénurie de médicaments. Des mesures doivent être prises. Une meilleure coordination est nécessaire, selon un rapport adopté mercredi par le Conseil fédéral.
Les perturbations de l'approvisionnement ont des incidences sur la prévention et sur le traitement des maladies. Elles peuvent aussi empêcher d'atteindre les objectifs sanitaires fixés par le gouvernement. Les pénuries ne concernent guère les produits innovants, mais principalement ceux qui ne sont pas très profitables.
En 2017 et en 2018, 177 notifications de pénurie ont été faites au total sur la plateforme qui recense les ruptures de stocks. Elles concernaient 81 principes actifs. Il s’agissait notamment d’anti-infectieux (33%), de vaccins (22%) et d’anticancéreux (17%).
Les pénuries les plus graves ont frappé les vaccins antidiphtériques, antitétaniques et antirabiques, la pipéracilline et le tazobactam, l'adrénaline en stylo-seringue, l'héparine et l'oxytocine.
Mesures prises
Souvent, la pénurie a pu être maîtrisée grâce à d’autres prestataires ou à l'utilisation de produits autrement dosés ou conditionnés. Des mesures supplémentaires ont été prises. L'institut Swissmedic a accepté des demandes visant à importer des médicaments avec un emballage 'étranger'.
Des entreprises ont limité, pour certains remèdes, les quantités à commander, voire n’ont livré qu’aux hôpitaux et centres de vaccination. Dans 29 cas, il a fallu puiser dans les stocks obligatoires.
Cette dernière solution n'est pas la panacée. La procédure standard a un coût administratif et dure au moins 2 semaines. Au début d’une perturbation, on ne peut pas toujours établir s'il faudra effectivement recourir à cette mesure.
Pas d'accalmie rapide
Il ne faut pas s’attendre à une rapide accalmie, surtout sur le marché des antibiotiques et des vaccins, selon le rapport. Dans les secteurs critiques, le libre marché n’arrive plus guère à corriger les retards dans la chaîne de livraison, vu le petit nombre de prestataires et les maigres volumes stockés dans les entreprises et les hôpitaux.
La situation mondiale de l’approvisionnement en principes actifs cruciaux pose de plus en plus de problèmes. Ces dernières années, on a délocalisé vers l’Asie la production qui se concentre chez une poignée de gros fabricants.
Pour compliquer les choses, le nombre de retraits définitifs du marché augmente. Pour les antibiotiques intraveineux, le marché des principes actifs classiques tend à devenir monopolistique. De plus, les problèmes logistiques pourraient s’accroître dans les prochaines années à cause du Brexit, car une partie non négligeable de l'approvisionnement arrive indirectement des usines anglaises.
Défi à relever
L'approvisionnement en médicament représente un défi. L’expérience liée à la plateforme qui répertorie les ruptures de stocks doit être mise à profit pour vérifier les structures du marché. Il faudra distinguer entre les nouveaux médicaments innovants et les anciens produits, vitaux dans l’approvisionnement de base.
Une coopération plus étroite avec d’autres services fédéraux, comme l'Office fédéral de la santé publique et Swissmedic, est nécessaire. Mais il faut aussi que les services cantonaux compétents prennent des mesures pour l'approvisionnement.
L’intégration des hôpitaux constitue toujours un défi. Les pharmaciens de ces établissements n’ont notifié aucune perturbation en 2017 et seulement six en 2018. Les hôpitaux pourraient contribuer à stabiliser la situation en étoffant leurs stocks. La communication avec et via la Société suisse des pharmaciens d’administration et des hôpitaux doit être améliorée et intensifiée.
/ATS