Des milliers de carottes de forage entreposées à Würenlingen (AG)

La Nagra a effectué pendant trois ans des forages dans le nord de la Suisse pour trouver un ...
Des milliers de carottes de forage entreposées à Würenlingen (AG)

Des milliers de carottes de forage entreposées à Würenlingen (AG)

Photo: Keystone/GAETAN BALLY

La Nagra a effectué pendant trois ans des forages dans le nord de la Suisse pour trouver un site de stockage définitif pour les déchets radioactifs. Des milliers de carottes de forage sont aujourd'hui stockées dans un entrepôt à Würenligen (AG).

Ces carottes de forages profonds ont chacune l'épaisseur d'un avant-bras et mesurent environ un mètre de long. Mises bout à bout, cela représente six kilomètres. Elles sont stockées dans des caisses en bois déposées sur des tables pliantes à Würenlingen.

Elles proviennent des neuf forages profonds effectués par la Société coopérative nationale pour le stockage des déchets radioactifs (Nagra) ces trois dernières années sur des sites qui pourraient potentiellement accueillir un dépôt en couches géologiques profondes.

200 millions d'années

Sur l'ensemble des carottes stockées à Würenlingen, les scientifiques ont prélevé 5000 échantillons pour analyser les fossiles, les minéraux, les pollens ou l'eau qui y étaient emprisonnés. 'Ca nous renseigne sur les conditions climatiques et paléogéographiques qui prévalaient à l'époque', explique Matthias Braun, géologue et patron de la Nagra. Les parties les plus anciennes des carottes remontent à 200 millions d'années.

La géologie de la Suisse a été étudiée de manière très détaillée. Pourtant, des surprises sont toujours possibles. Ainsi, l'automne dernier, un tube de forage a traversé le fossile très rare d'une espèce de crocodile disparu, un pelagosaurus, à 915 mètres de profondeur dans une couche géologique dans la région du Lägern (AG/ZH).

Argile à Opalinus

L'étude détaillée des formations géologiques grâce aux carottes de forage doit permettre de garantir la meilleure sécurité possible pendant toute la durée de confinement des déchets nucléaires. La principale barrière de sécurité est la couche rocheuse grise d'argile à Opalinus.

Cette fine boue argileuse fossilisée était autrefois déposée au fond de la mer. Elle est très étanche et absorbe quasiment toutes les particules radioactives de sorte qu'elles ne peuvent pas s'échapper. Cette couche possède une autre qualité: les fissures qui peuvent s'y produire se referment en quelques semaines. Matthias Braun appelle cette propriété 'force d'autoguérison'.

La Nagra ne s'intéresse pas seulement à cette couche d'argile à Opalinus, mais aussi aux roches qui se trouvent en dessous et au-dessus. Ces roches dites 'cadres' ne sont pas tout à fait aussi imperméables, car leur teneur en argile est plus faible. Des études montrent toutefois que l'eau s'écoule extrêmement lentement à travers ces couches de marne, de calcaire et de grès.

Choix du site en automne

Un dernier forage devrait être réalisé à la mi-mars probablement. Cet automne, la Nagra présentera le site qu'elle a choisi pour y construire un dépôt de stockage pour les déchets radioactifs. 'Tout le monde a son favori', selon Matthias Braun. Toutes les régions retenues disposent d'une couche d'argile à Opalinus d'environ 110 mètres d'épaisseur, mais elle ne se trouve pas toujours à la même profondeur.

Les trois sites retenus actuellement sont 'excellents', souligne Matthias Braun. Les valeurs exigées par la loi sur l'exposition aux radiations à la surface d'un dépôt définitif sont de 0,1 millisievert par an. Pour les argiles à Opalinus, on compte 0,0001 millisievert, ce qui correspond à une valeur mille fois plus faible.

'C'est vraiment une super roche', selon le géologue. A titre de comparaison, l'exposition naturelle aux radiations en Suisse est d'environ 5,8 millisieverts.

Après la décision finale sur le lieu où sera construit le dépôt, les carottes de forage seront d'abord entreposées dans un dépôt de la Nagra à Mellingen (AG) et dans un dépôt de la Confédération. Elles ne seront pas stockées avec les déchets nucléaires, car elles sont trop précieuses pour la recherche et pour la formation des étudiants.

/ATS
 

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