Optimiste pour l'évolution conjoncturelle de la Confédération, Economiesuisse va abaisser ses attentes en matière de taux de chômage. Ce dernier, jusqu'à présent attendu à 2,8% en 2018, sera ramené à 'environ' 2,6%.
La situation de plein emploi a cependant renforcé la pénurie de main d'oeuvre qualifiée.
'La Suisse se trouve en pleine phase de boom économique et la demande en personnel qualifié est importante', a indiqué à AWP Rudolf Minsch, économiste en chef de la fédération des entreprises suisses.
Cette révision des pronostics en matière d'emploi intervient alors que la Suisse bat des records à la baisse en matière de chômage. Le taux de sans emploi est ainsi resté vissé à 2,4% en juillet, un record depuis 2008, année de la crise financière mondiale.
Dans ses dernières prévisions en juin, le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) table quant à lui sur un taux de chômage de 2,6% cette année, après 3,2% en 2017. Le consensus établi par l'institut KOF prévoit que la part de sans emplois se situe à 2,8%.
'Le manque de main d'oeuvre s'est accentué ces dernières années', a estimé M. Minsch. En cause notamment, le rebond conjoncturel chez les voisins européens qui n'incite plus autant les habitants de l'UE à chercher un emploi ailleurs. L'économie helvétique parvient néanmoins à compenser le manque d'employés qualifiés suisses par l'immigration.
Selon l'économiste, 'il existe depuis plusieurs années des déficits structurels dans certains métiers, notamment les ingénieurs'. La numérisation croissante de l'économie met aussi les recruteurs face au défi de trouver des employés capables d'accompagner cette transition technologique.
Une étude publiée mardi par Manpower a démontré que la pénurie de main d'oeuvre qualifiée continue de créer des tensions sur le marché de l'emploi en Suisse. D'après le spécialiste du travail temporaire, un tiers des entreprises suisses ont des difficultés à pourvoir les postes vacants.
Potentiel des femmes et seniors
'La Suisse est toujours suffisamment attrayante pour attirer des travailleurs étrangers. Mais cela poserait un grand défi à l'économie si la situation devait changer', a insisté M. Minsch.
Les quotas limités pour certains pays tiers n'améliorent pas une situation déjà tendue. 'Nous devons devenir plus intéressant pour accueillir les meilleurs talents mondiaux. Le niveau de formation s'améliore nettement au-delà de l'Europe. Les spécialistes informatiques en Inde et en Chine sont ainsi très intéressants', a souligné l'économiste.
Mais le plus grand potentiel réside selon lui en Suisse auprès des femmes et des seniors. La formation continue constitue également une piste pour maintenir et améliorer les compétences.
Credit Suisse avait récemment estimé dans une étude que la mobilisation de cette force de travail dite 'latente' pouvait être stimulée par des mesures politiques, comme le relèvement de l'âge de départ à la retraite pour les seniors ou l'amélioration des conditions cadres pour les femmes.
Les spécialistes de la banque aux deux voiles avaient relevé que les femmes représentent 60% des personnes disponibles pour travailler, mais pas en recherche d'un emploi. Si celles-ci ne se livrent pas à une recherche active, c'est que la conciliation entre vies professionnelle et familiale reste un défi. Des mesures politiques sont nécessaires pour lever les obstacles, comme par exemple le manque de places en crèches, avait estimé l'établissement.
/ATS