Du général de Gaulle à Emmanuel Macron, tous les présidents français se sont rendus au Salon de l'agriculture depuis sa création à Paris en 1964, à la notable exception de François Mitterrand. L'actuel locataire de l'Elysée y est attendu ce samedi pour l'inauguration.
Il pourra sans doute y croiser le commissaire européen de l'agriculture Phil Hogan, qui se rend lui aussi au Salon ce week-end. Les négociations en vue d'un accord de libre-échange entre l'Union européenne (UE) et le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) sont en cours à Asuncion, au Paraguay, et les agriculteurs français ont manifesté leur inquiétude dans la rue cette semaine, craignant l'importation massive de viande bovine sud-américaine.
'Je peux assurer aux agriculteurs qu'il y aura un résultat équilibré à cet accord, qui reflétera nos sensibilités sur le boeuf et l'éthanol en particulier', a déclaré Phil Hogan depuis Bruxelles. Toutefois, la question de savoir si un accord sera signé dans les prochaines semaines 'reste ouverte', a-t-il indiqué, alors que se préparent à partir d'avril des élections importantes au Brésil.
Un accord de libre-échange entre la Suisse et le Mercosur était aussi d'actualité cette semaine en Suisse, le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann voulant accélérer sa conclusion. Pour la Berne fédérale, la signature de cet accord commercial devrait permettre aux entreprises exportatrices suisses d'accéder à un marché qui représente au total 260 millions de consommateurs.
'Zones défavorisées'
Une autre source de mécontentement pointe en France: la refonte de la carte des 'zones défavorisées', qui bénéficient d'aides européennes. Selon le ministre français de l'agriculture Stéphane Travert, 1400 communes françaises perdraient des aides européennes après la refonte de cette carte, qui date de 1976.
Tous les pays de l'UE sont en train de redéfinir ces zones et la Commission européenne a récemment allongé la date limite de réponse à janvier 2019. Emmanuel Macron a rassemblé jeudi à l'Elysée le monde agricole afin de rassurer surtout les jeunes agriculteurs.
'On ne peut pas avoir un territoire agricole dynamique sans avoir davantage de jeunes gens volontaires pour participer. Nous aurons un chapitre spécial sur les jeunes dans l'agriculture' dans la nouvelle Politique agricole commune (PAC), a assuré Phil Hogan.
Cette PAC révisée pour l'après 2020 fera l'objet d'une proposition législative de la Commission européenne à la fin du mois de mai, qui suivra celle très attendue sur le budget à long terme de l'UE.
Passage obligatoire
Jusqu'à maintenant, le record de durée au Salon de l'agriculture à Paris est détenu par François Hollande, qui a arpenté les allées pendant dix heures en 2013, après avoir atteint les 12 heures en 2012 lorsqu'il était encore candidat à la présidence. Mais l'ancien édile de Corrèze y avait été aussi insulté et hué en 2016.
Nicolas Sarkozy a également eu son lot de rencontres agitées Porte de Versailles, dont la plus célèbre date de 2008. A un visiteur qui avait refusé de lui serrer la main en lui disant 'tu me salis', M. Sarkozy avait répliqué 'casse-toi, alors, pauvre con !'.
Mais le président français dont le nom est le plus souvent associé à ce Salon est Jacques Chirac qui, en trente années de vie politique, n'a loupé l'occasion de le visiter qu'une seule fois, en 1979, car il était alors hospitalisé après un accident de voiture. Sa dernière visite présidentielle en 2007 fut un véritable triomphe pour celui qui se vantait parfois de savoir 'tâter le cul des vaches'.
Contraste saisissant avec son prédécesseur François Mitterrand. Durant ses 14 ans de règne, 'Tonton' n'était jamais retourné au Salon, où il s'était pourtant rendu comme candidat en 1981. Avant lui, Charles de Gaulle, Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing avaient rendu visite aux exposants, plus ou moins régulièrement.
/ATS