La Conférence des directeurs cantonaux de l'économie publique (CDEP) considère que la décision de la Banque nationale suisse (BNS) représente un défi majeur pour l’économie suisse. Ils défendent la mise en oeuvre, le moment opportun, de mesures éprouvées dans les domaines du marché du travail et de la promotion économique, après une rencontre jeudi à Berne.
Au cours de sa séance de travail, la CDEP a obtenu des explications concernant la suppression du taux plancher de l’euro auprès de Jean-Pierre Danthine, vice-président du directoire de la BNS. Lundi dernier, une rencontre avait déjà eu lieu avec le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann.
Les directeurs cantonaux de l’économie publique se montrent préoccupés par les possibles effets de la décision de la BNS, en priorité sur l’industrie d’exportation et sur le tourisme. Ils ont posé les bases des actions à venir au cours d’une première discussion.
Production et salaires sous la loupe
Pour la CDEP, la Suisse doit conserver son attractivité aussi bien en tant que place industrielle tournée vers l’exportation qu’en tant que pôle économique. Ce point de vue concerne non seulement les 3000 plus grandes sociétés du pays, mais aussi un grand nombre d’entreprises sous-traitantes qui emploient, pour une partie d’entre elles, une main-d’oeuvre plus modeste.
En fonction du développement de la crise de l’euro, il se peut que s’accentue, pour ces entreprises, l’impact sur les coûts de production et sur les salaires, entraînant du même coup des effets sur l’emploi et sur le marché du travail, analyse la CDEP.
Pour les directeurs cantonaux, il s'agira, le moment opportun, de mettre en oeuvre de mesures éprouvées dans le domaine du marché du travail, notamment par la réglementation applicable au chômage partiel et les allocations d’initiation au travail pour les travailleurs âgés.
Pas de programme conjoncturel
Confédération et cantons ne veulent pas pour l'instant de programme conjoncturel, mais se préoccupent de conditions cadres économiques pour les entreprises établies en Suisse. Ils défendent la mise en oeuvre de réformes comme celle de l’imposition des entreprises ou l’application de l’initiative sur l’immigration de masse.
L’accent a également été mis sur une stabilisation des relations avec les principaux partenaires économiques européens et internationaux. Les cantons ont plaidé pour le maintien des accords bilatéraux avec l’Union européenne (UE).
Contingents pour les Etats tiers
Outre la situation monétaire, la CEDP a pris position sur les contingents de travailleurs issus d’Etats tiers. Sur ce point, les responsables cantonaux du marché du travail ont souligné que la décision du Conseil fédéral de réduire les contingents pour l’année 2015 constituait un mauvais signe pour l’économie.
La CDEP a suivi une proposition du canton de Bâle-Ville de charger le Conseil fédéral de procéder en milieu d’année à une nouvelle évaluation de la situation et, dans tous les cas, à réexaminer les décisions prises.
Concernant la réforme du système de compensation de l’assurance chômage, les cantons ont insisté pour que le projet soit mené dans l’ordre et en concertation avec eux exclusivement. L’assurance chômage constitue à leurs yeux un instrument important de la politique du marché du travail et obéissant, dans son application, à une démarche fédéraliste.
Enfin, la CDEP appuie la décision du Conseil fédéral de poursuivre le dialogue sur la politique de logement avec les cantons et les villes jusqu'à la fin de l'année 2016.
/ATS