L'armée israélienne a bombardé dimanche la maison d'un dirigeant du Hamas dans la bande de Gaza, où 17 Palestiniens ont été tués dans de nouvelles frappes alourdissant le bilan de ce nouveau conflit sanglant qui ne connaît aucun répit depuis près d'une semaine.
Les nouvelles violences entre Israël et le mouvement islamiste Hamas au pouvoir dans l'enclave palestinienne sous blocus israélien depuis plus de 10 ans, surviennent à quelques heures d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.
Franchissant un nouveau palier dans ses attaques contre le Hamas, ennemi juré de l'Etat hébreu, l'armée israélienne a annoncé sur Twitter avoir 'attaqué le domicile de Yahya Sinouar et de son frère, un militant terroriste', publiant une vidéo montrant une maison pulvérisée dans un nuage de poussière.
Mais on ignorait dans l'immédiat le sort de ce chef du bureau politique du Hamas à Gaza. Des témoins ont confirmé cette frappe à l'AFP.
Depuis les premières heures de dimanche, 17 Palestiniens ont été tués dans des bombardements israéliens ailleurs dans l'enclave, selon les autorités locales. Et depuis le début du nouveau cycle de violences le 10 mai, 174 Palestiniens ont péri dont 47 enfants, et 1200 ont été blessés, d'après un dernier bilan palestinien.
En Israël, dix personnes ont été tuées dont un enfant, et 282 blessées, dans les tirs de roquettes palestiniennes.
Avant le Conseil de sécurité
Les nouvelles violences ont lieu au lendemain de bombardements à Gaza ayant fauché la vie d'enfants et pulvérisé les locaux de médias internationaux, et de tirs de salves de projectiles de Gaza vers Israël.
Alors que les protagonistes sont restés sourds jusque-là aux appels internationaux à la cessation des hostilités, les tractations diplomatiques s'intensifient avec une réunion virtuelle du Conseil de sécurité prévue à 16h00 (heure suisse).
De son côté, un émissaire américain, Hady Amr, doit rencontrer dans la journée des dirigeants israéliens à Jérusalem et des responsables palestiniens en Cisjordanie occupée.
Et les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne tiennent mardi une visioconférence d'urgence, après 'le nombre inacceptable de victimes civiles' selon les termes de Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, sur Twitter.
Médias choqués
Samedi, dix Palestiniens, parmi lesquels huit enfants d'une même famille, ont péri dans une frappe israélienne sur un camp de réfugiés de Gaza.
Un Israélien a, dans la foulée de la frappe, été tué dans la banlieue de Tel-Aviv dans l'explosion de roquettes tirées par le Hamas.
Plus tard, un immeuble de 13 étages qui abritait notamment les équipes de la chaîne d'information qatarie Al-Jazeera et l'agence de presse américaine Associated Press (AP) a été pulvérisé par des frappes israéliennes.
Selon l'armée, qui avait demandé préalablement l'évacuation du bâtiment, l'immeuble abritait 'des entités appartenant au renseignement militaire' du Hamas, accusé de se servir de civils comme 'boucliers humains'.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui s'est entretenu samedi avec le président américain, a affirmé avoir le soutien 'sans équivoque' de Joe Biden.
M. Biden, qui a également parlé au téléphone avec le président palestinien Mahmoud Abbas, a dit soutenir le droit d'Israël 'à se défendre' tout en faisant part de sa préoccupation au sujet de 'la sécurité des journalistes'.
La direction d'AP s'est dite 'choquée et horrifiée' par la frappe israélienne. Al-Jazeera a accusé Israël de vouloir 'faire taire ceux qui montrent' 'les destructions et les morts'.
Violences en Cisjordanie
D'après l'armée, 120 roquettes ont été tirées ces dernières heures depuis Gaza vers des villes israéliennes comme Tel-Aviv, et plusieurs dizaines ont été interceptées par le système de défense anti-aérien.
Et l'armée a dit avoir ciblé 90 positions du Hamas et du Djihad islamique ces dernières 24h à Gaza.
Depuis lundi, les secours israéliens affirment avoir pris en charge 636 personnes au total, en comptant les personnes victimes d'attaques de panique.
Ce conflit a commencé en réponse à un barrage de roquettes du Hamas sur Israël, tirées en 'solidarité' avec les manifestants palestiniens et les centaines de Palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne à Jérusalem-Est. A l'origine des violences, la menace d'expulsion de familles palestiniennes au profit de colons israéliens dans ce secteur palestinien occupé par Israël depuis plus de 50 ans.
Les hostilités se sont étendues à la Cisjordanie, autre territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où des heurts avec l'armée israélienne ont fait depuis le 10 mai 19 morts palestiniens dont deux ont succombé à leurs blessures dimanche, selon un bilan palestinien.
Sur son territoire, Israël est également confronté depuis plusieurs jours à des violences inédites et des menaces de lynchages dans ses villes 'mixtes', où vivent Juifs et Arabes israéliens.
/ATS