Le gouvernement français a nommé jeudi un médiateur expert des négociations sociales pour dénouer le conflit qui paralyse le groupe de radio publique Radio France depuis plus de trois semaines. La grève est malgré tout reconduite jusqu'à lundi.
La poursuite du mouvement de grève a été décidée lors d'une assemblée générale du personnel organisée vendredi matin, au 23e jour du conflit, a constaté un journaliste de l'AFP. Elle a été votée à une très forte majorité, moins une voix et onze abstentions, par les quelque 300 personnes réunies pour cette AG.
Lors de celle-ci, Jean-Paul Quennesson, du syndicat SUD, a souligné que 'la mobilisation ne peut pas s'arrêter' par la simple nomination de Jean-Dominique Chertier, expert du dialogue social, nommé par le gouvernement jeudi.
Selon M. Quennesson, 'ce sera sur du concret qu'on se décidera les uns et les autres.' La nomination de ce médiateur avait malgré tout été qualifiée de 'pas important' par les syndicats.
Philippe Ballet, délégué Unsa, a renchéri: 'La grève s'arrêtera un jour, mais pas la mobilisation. Ca va prendre des mois de discussions et on espère que ce Monsieur (le médiateur, ndlr) sera là plusieurs semaines pour qu'on ait un plan stratégique totalement revisité.'
Réunion à huis clos
Juste après cette AG, les syndicats ont rejoint Jean-Dominique Chertier pour une première réunion à huis clos. Le médiateur a souligné en arrivant à la Maison de la radio que 'le dialogue social n'est jamais définitivement rompu.' 'C'est une belle maison. Il faut pouvoir s'en sortir rapidement', a-t-il expliqué sur France Info.
Interrogé sur la manière dont le médiateur allait procéder pour mener à bien sa mission, il a répondu: 'Très simplement'. 'Des entretiens avec la direction d'une part et avec les organisations syndicales, d'abord toutes réunies, puis peut-être ensuite séparées.'
Rachida Dati outrée
Pour la ministre française de la Culture Fleur Pellerin, il s'agit de mettre fin à ce conflit et de restituer les conditions normales du dialogue social. Le recours à la médiation était aussi préconisé par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), l'instance indépendante qui a nommé le PDG Mathieu Gallet début 2014.
Mme Pellerin s'est attiré les foudres de l'eurodéputée UMP Rachida Dati qui a accusé vendredi sur iTELE le gouvernement de se 'laver les mains' du sort de Radio France. Elle a ajouté que 'nommer un médiateur, ce n'est pas faire preuve de responsabilité.'
Selon elle, le CSA doit, soit soutenir M. Gallet 'dans sa démarche de redresser Radio France', soit 'prendre une autre solution'. 'On laisse cette belle institution s'enliser. Je ne comprends même plus quel est l'objet de la grève', et il en est de même à ses yeux des auditeurs qui 'ne savent pas pourquoi cette grève continue'.
Suppressions d'emplois
Très affaibli, notamment par des révélations sur ses dépenses, le PDG de Radio France Mathieu Gallet devait présenter son plan stratégique qui comprend plusieurs mesures d'économies. Celles-ci visent à redresser les comptes plombés de l'institution, en déficit de 21,3 millions d'euros cette année.
Parmi ces mesures, un plan de 300 à 380 départs volontaires, en priorité pour les seniors, assorti de 50 créations de postes dans des métiers qui, jusqu'ici, n'existaient pas à Radio France. Mais les discussions sur l'avenir de la radio sont au point mort entre la direction et les syndicats, opposés à toute suppression d'emplois.
Cette grève entamée le 19 mars coûte un million d'euros par semaine au groupe public (France Inter, France Info, France Culture, France Musique, France Bleue, Fip, le Mouv) qui compte 4300 employés pour 13,5 millions d'auditeurs.
/ATS