Le cimentier st-gallois Holcim et son homologue français Lafarge ont annoncé vendredi un accord sur les termes révisés de leur projet de fusion. Les deux groupes se sont mis d'accord sur une nouvelle parité d'échange sur la base de 9 actions Holcim pour 10 de Lafarge.
Wolfgang Reitzle, président d'Holcim, et Bruno Lafont, PDG de Lafarge, seront nommés coprésidents non exécutifs. Selon les accords de fusion passés l'an dernier, le patron de Lafarge Bruno Lafont devait assumer la direction générale du futur groupe. Un choix contesté par Holcim dimanche dernier, de même que la parité d'échange d'une action du groupe suisse pour une action Lafarge initialement prévue.
Un nouveau directeur général du futur groupe, proposé par le conseil de Lafarge et accepté par celui d'Holcim, prendra ses fonctions lors de la finalisation de l'opération, soulignent vendredi les deux cimentiers dans un communiqué commun. Sa nomination sera communiquée ultérieurement et au plus tard au dépôt de l'offre publique aux actionnaires de Lafarge.
'Je suis satisfait de l'accord qui a été trouvé parce qu'il va me permettre de contribuer à la réalisation et au succès de la fusion', a affirmé le PDG de Lafarge lors d'une conférence téléphonique, au bout de quatre jours d'intenses tractations entre les deux groupes.
Les investisseurs ont salué le compromis trouvé. A la Bourse suisse, l'action Holcim s'appréciait en matinée de près de 1,2%, alors qu'à Paris la nouvelle a suscité davantage d'intérêt, avec un titre Lafarge en hausse de 3,4% peu avant 10h00.
Parité contestée
La question de la parité d'échange des actions avait pour sa part surgi dans le sillage de la publication des résultats annuels des deux groupes, où des voix se sont élevées en Suisse pour la remettre en cause. Les rapports financiers montraient en effet une évolution des performances récentes plus favorables pour Holcim.
La révision de cette modalité financière n'est toutefois pas aussi favorable qu'Holcim le souhaitait. Le taux de 9:10 retenu est légèrement plus favorable pour les actionnaires du groupe français que celui de 0,875 action Holcim par titre Lafarge que le cimentier suisse avait évoqué dimanche dernier.
Après la remise en cause des dispositions financières et de gouvernance par Holcim, Lafarge avait admis 'la possibilité d'une révision de la parité en ligne avec les conditions de marché récentes', mais ajouté qu'il 'n'acceptera aucune autre modification des accords actuels'. Le groupe français a toutefois finalement aussi renoncé à exiger absolument la nomination de Bruno Lafont comme CEO du nouveau groupe LafargeHolcim, qui sera domicilié en Suisse.
Lafarge et Holcim ont convenu que sous réserve de l'approbation des actionnaires, le nouveau groupe annoncera après la finalisation de l'opération un dividende payable en actions, de 1 nouveau titre LafargeHolcim pour 20 actions détenues.
Finalisation retardée
Les deux sociétés disent travailler intensément pour mener à terme la transaction et sur une intégration post-fusion réussie. Les résolutions nécessaires à la mise en oeuvre de la fusion seront présentées lors d'une assemblée générale aux actionnaires d'Holcim 'autour du 7 mai'.
Dans leur communiqué commun de vendredi, les Holcim et Lafarge affirment que 'certains actionnaires clés' - qui ne sont pas nommés - ont confirmé leur soutien aux termes révisés de la fusion. Thomas Schmidheiny, principal actionnaire d'Holcim, est 'content que les divergences apparues ces dernières semaines aient été clarifiées', et soutient l'accord conclu.
Après cette semaine de remise en cause de la fusion, le projet prend toutefois un peu de retard. Les deux groupes tablent désormais sur une fusion en juillet, au lieu de la fin du premier semestre.
Un géant en devenir
Pour rappel, Lafarge et Holcim, leaders mondiaux du secteur, avaient annoncé en avril dernier une fusion 'entre égaux' devant donner naissance à un colosse du matériau de construction pesant 32 milliards d'euros de chiffre d'affaires (33,7 milliards de francs avant cessions) et comptant 130'000 salariés dans 90 pays.
Le projet de fusion avait tout d'abord progressé très rapidement. Les deux groupes s'étaient mis d'accord sur une répartition de la gouvernance dès l'été et la Commission européenne a donné son feu vert à la mi-décembre. Des actifs d'Holcim et Lafarge pour 6,9 milliards de francs doivent notamment être cédés au groupe irlandais CRH pour satisfaire aux autorités de la concurrence.
En 2014, Lafarge a réalisé en 2014 un chiffre d'affaires 12,8 milliards d'euros (15,4 milliards de francs au taux de 1,20 franc/euro d'alors), et compte 63'000 collaborateurs dans 61 pays. Holcim, présent dans 70 pays avec 68'000 employés, a réalisé pour sa part un chiffre d'affaires de 19,1 milliards de francs.
/ATS