Près de dix mille personnes ont quitté vendredi leurs logements, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Madrid. Ils fuyaient un nuage de fumée toxique provoqué par l'incendie d'une gigantesque décharge de pneus, vraisemblablement d'origine criminelle.
Cette décharge illégale de pneumatiques usagés est la plus vaste du pays selon la presse. Elle est située dans la province de Tolède (centre), sur le territoire des communes de Seseña et de Valdemoro. 'Tout semble indiquer que ce désastre a été provoqué intentionnellement', a jugé le maire de Seseña, Carlos Velazquez, à la radio Cadena Ser.
Les fortes pluies des derniers jours excluent un déclenchement accidentel, a-t-il argué. Le feu 'a produit un nuage toxique' qui pourrait se diriger vers une partie de Seseña qui compte 20'000 habitants, a averti le gouvernement de la région de Castille-La Manche (centre) dans un communiqué.
L'alerte a été donnée vendredi matin à 01h20, a précisé un porte-parole des service de secours. Les autorités ont d'abord invité la population à fermer portes et fenêtres, avant d'ordonner dans l'après-midi l'évacuation d'un lotissement, 'au cas où dans la nuit le nuage de fumée y arrivait', a-t-il expliqué.
Selon le porte-parole, 'un millier de personnes' devaient 'rejoindre un gymnase'. Quelque 8000 autres étaient partis d'eux-mêmes plus tôt dans la journée.
Quatorze terrains de foot
Environ 70% de la décharge, qui s'étend sur sur près de 10 hectares soit l'équivalent de 14 terrains de foot, avait déjà brûlé vendredi soir, selon Francisco Martinez, le minitre régional de l'Environnement.
Mais les responsables locaux ne savent pas combien de temps peut encore durer l'incendie. Il est néanmoins 'confiné par d'amples chemins coupe-feu' à 'quelques zones', selon l'inspecteur chef des pompiers Luis Villarroel.
La décharge date des années 1990 et n'a cessé de s'étendre depuis. Elle a été déclarée illégale en 2003 mais rien n'a été fait pour enlever les pneus entassés sur cette grande superficie.
Des siècles
Fin 2015, un appel d'offres devait être organisé pour vider la décharge mais il n'a pas encore été lancé. Les pneus sont très difficiles à détruire et leur dégradation naturelle prendrait des siècles, selon Ecologistes en action.
Les incendies de pneus sont également très difficiles à maîtriser et peuvent couver pendant des mois voire des années. La décharge est proche d'une des autoroutes les plus fréquentées d'Espagne, l'autoroute d'Andalousie, reliant la capitale au sud du pays.
/ATS