Le FMI a abaissé mardi ses prévisions de croissance mondiale pour 2015 et 2016, s'inquiétant en particulier du ralentissement chinois, qui entraîne les pays émergents dans son sillage. Les perspectives s'améliorent en revanche pour la Suisse.
'Le retour à une expansion mondiale robuste et synchronisée reste hors d'atteinte', a résumé Maurice Obstfeld, le nouveau chef économiste du Fonds monétaire international, qui tient son assemblée générale cette semaine à Lima.
Résultat: le produit intérieur brut (PIB) de la planète ne devrait plus progresser que de 3,1% cette année et de 3,6% en 2016, marquant à chaque fois un repli de 0,2 point par rapport aux précédentes estimations publiées il y a trois mois, indique le Fonds dans son nouveau rapport sur les perspectives mondiales.
Malgré la relative bonne santé des pays riches, Etats-Unis en tête, l'économie de la planète serait ainsi en passe de réaliser cette année sa plus mauvaise performance depuis la récession planétaire de 2009. La dégradation concerne en premier lieu 'les marchés émergents et les économies en développement', explique l'institution.
La Chine inquiète
Les inquiétudes se concentrent tout particulièrement sur la Chine, dont le récent ralentissement économique a déjà plombé une cohorte de pays et devrait se confirmer en 2016 avec une croissance attendue de 6,3%, selon le FMI, au plus bas depuis vingt-cinq ans.
'Les répercussions internationales semblent bien plus vastes que ce qui était jusque-là envisagé', admet le Fonds dans son rapport. D'après le FMI, le coup de mou de la deuxième puissance économique mondiale va ainsi se payer au prix fort chez des pays exportateurs de matières premières (pétrole, métaux, minerais...) dont les cours se sont effondrés.
L'addition s'annonce sévère pour le Brésil, dont la récession devrait être deux fois plus forte que prévu jusque-là (-3,0% en 2015) ou l'Afrique sub-saharienne dont la croissance pourrait être amputée de 1,2 point par rapport à 2014 (3,8%).
Récession en Russie
Autre grande économie émergente, la Russie cumule, elle, le double handicap de produire de l'or noir et d'être visée par des sanctions occidentales pour son rôle dans la crise en Ukraine. Verdict du FMI: une récession de près de 4% cette année.
Un péril commun guette par ailleurs les pays émergents: le prochain changement de cap monétaire aux Etats-Unis qui pourrait accélérer la fuite de capitaux, au risque de les priver d'argent frais.
Après avoir été l'épicentre de la crise mondiale en 2008-2009, les pays riches semblent mieux lotis et peuvent s'appuyer sur une reprise 'plus avancée' aux Etats-Unis, première économie mondiale, et au Royaume-Uni, souligne le Fonds.
Meilleures perspectives pour la Suisse
Ainsi, le FMI a légèrement relevé ses prévisions de croissance pour la Suisse. L'institution table désormais sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 1% en 2015, contre 0,8% précédemment, et de 1,3% l'année suivante, après 1,2% lors des dernières prévisions.
Le pronostic du FMI est quasiment conforme aux attentes des principaux instituts conjoncturels suisses. Le KOF table ainsi sur un PIB de +0,9% cette année et de +1,4% en 2016, la BNS sur 'environ' +1% en 2015 et le Seco sur respectivement +0,9% et +1,5%.
En zone euro, des risques persistent toutefois. Le Fonds maintient quasi inchangées ses prévisions dans la région (+1,5% en 2015; 1,6% en 2016), mais met en garde contre les aléas de la crise grecque.
'Les risques de contagion (liés à la Grèce) sont plus faibles que plus tôt dans l'année, mais restent un sujet d'inquiétudes', note le FMI, qui doit bientôt décider s'il participera au troisième plan d'aide qui a été accordé à la Grèce.
L'institution relève également que les 'risques géopolitiques' restent élevés, notamment en Ukraine ou au Moyen-Orient, et s'inquiète pour la première fois de l'impact économique de la crise des réfugiés en Europe.
/ATS