L'auteur de la tuerie de Sousse avait des liens avec des extrémistes en Libye, a révélé mardi un responsable tunisien. Autre information marquante de la journée en Tunisie, le procès du meurtre de l'opposant Belaïd a été reporté.
L'étudiant qui a perpétré l'attentat vendredi passé à Sousse 'est allé en Libye de manière illégale. Il a été formé (au maniement des armes) à Sabratha', à l'ouest de Tripoli, a déclaré mardi soir le secrétaire d'Etat chargé de la sûreté nationale, Rafik Chelly
Le ministère de l'Intérieur avait annoncé la veille l'arrestation de trois complices présumés, de nationalité tunisienne. L'auteur de la tuerie a été abattu par la police vendredi, peu après les faits. L'attentat a été revendiqué par le groupe extrémiste Etat islamique.
Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a reconnu mardi que les forces de l'ordre n'étaient pas préparées à l'éventualité d'une attaque sur une plage.
Possibles sanctions
'Nous avons été surpris par cette affaire', a déclaré mardi le président tunisien Béji Caïd Essebsi. 'Ils ont pris des dispositions pour le mois du ramadan mais jamais ils n'avaient pensé que cela devait se faire sur les plages', a-t-il dit à la radio privée française Europe 1 en allusion aux chefs de la sécurité.
'S'il y a des défaillances, des sanctions seront prises immédiatement', a assuré M. Caïd Essebsi. Selon plusieurs témoignages, l'attaque aurait duré une trentaine de minutes sans que les forces de l'ordre interviennent.
Fleurs et messages
Le président américain Barack Obama, dont le pays cherche à éradiquer l'EI qui sévit surtout en Irak et en Syrie, a présenté ses condoléances à la Tunisie et proposé l'aide américaine pour l'enquête.
Mardi matin, des personnes déposaient encore fleurs et messages sur les lieux de l'attaque. Mais aucune mesure de sécurité n'est visible aux alentours et les voitures de police présentes la veille ont disparu.
Le ministère tunisien de la Santé a annoncé mardi avoir identifié 27 corps pour l'instant. Ce sont 19 Britanniques, trois Irlandais, un Belge, deux Allemands, un Russe et un Portugais. Une porte-parole du Premier ministre britannique David Cameron a pour sa part annoncé que le nombre des victimes britanniques était désormais de 21.
Tourisme pénalisé
Cette tuerie est survenue trois mois après l'attentat contre le musée du Bardo à Tunis qui avait fait 21 morts. Les deux auteurs de cette tragédie s'étaient aussi rendus clandestinement en Libye fin 2014 pour s'y entraîner, ont indiqué les enquêteurs.
La Tunisie s'attend à ce que l'attentat commis à Sousse vendredi lui fasse perdre un quart de ses revenus touristiques annuels, soit environ 515 millions de dollars (480 millions de francs), a déclaré la ministre du Tourisme, Selma Elloumi Rekik. . 'Si ce secteur s'écroule (...), l'économie s'écroule', a mis en garde la ministre.
Important procès reporté
Enfin, le procès de 24 personnes accusées d'être impliquées dans l'assassinat en 2013 de l'opposant de gauche Chokri Belaïd, farouche critique des islamistes, s'est ouvert à Tunis. Il a cependant été rapidement reporté, au 30 octobre, a indiqué mardi soir Sofiène Sliti, porte-parole du Parquet.
'A la demande de la partie civile et de la défense des accusés, le tribunal a décidé de reporter le procès au 30 octobre', a-t-il précisé. Les demandes de libération de certains accusés ont été rejetées, a encore ajouté M. Sliti. Des 24 accusés, 23 sont en détention et un est en liberté, selon le parquet.
'Zone d'ombre'
Près de 200 avocats, de nombreux journalistes ainsi que des policiers en civil étaient présents au tribunal pour la première audience. Par ailleurs, des dizaines de personnes manifestaient dans la rue en scandant 'Tunisie libre, terrorisme dehors', a constaté une journaliste de l'AFP sur place.
Le meurtre, revendiqué par des djihadistes ralliés à l'EI, avait choqué le pays et provoqué une profonde crise politique. Les autorités avaient annoncé en février 2014 avoir tué l'assassin présumé de M. Belaïd. La famille de l'opposant continue de dénoncer des 'zone d'ombre' et de réclamer la vérité.
/ATS