La mise en oeuvre de l'initiative Minder contre les rémunérations abusives n'a entraîné aucun effet sur les rémunérations des dirigeants, selon un sondage du cabinet de conseils Knight Gianella. Elle a en revanche rendu le recrutement d'administrateurs plus difficile.
Sur les 150 membres de conseils d'administration sondés par le cabinet de conseils en matière de recrutement, 80% estiment que l'Ordonnance contre les rémunérations abusives (ORAb) est restée sans effet sur les salaires versés aux administrateurs et membres de directions, précise vendredi Knight Gianella. Un résultat jugé surprenant eu égard aux vifs débats qu'avait suscités l'initiative Minder avant son adoption par le souverain.
En revanche, la mise en oeuvre des propositions du père de l'initiative, l'entrepreneur et conseiller aux Etats schaffhousois Thomas Minder, s'est soldée par une dégradation des conditions de travail des administrateurs. Pas loin de la moitié des sondés (44%) indiquent ainsi encore se sentir à l'aise dans l'exercice de leur mandat.
Avant l'entrée en vigueur de l'ORAb, 59% des administrateurs interrogés se faisaient une opinion favorable de leur rôle, note le cabinet de conseils. Et l'heure n'est pas vraiment à l'optimisme, seuls 36% des membres de conseils d'administration interrogés évoquant des perspectives favorables à ce titre.
Pression accrue
Knight Gianella attribue cette évolution à un cadre réglementaire plus rigide, reflet de l'adoption de l'initiative Minder, ainsi que le faible niveau de confiance du public dans l'activité des conseils d'administration. 'De ce fait, l'investissement en temps et la pression sociale sur les conseils d'administration ont fortement augmenté', commente Sandro Gianella, associé du cabinet.
Alors qu'il y a un an 41% des sondés se plaignaient de nécessiter beaucoup de temps pour remplir leur mandat, ils sont désormais 87% à partager cette opinion. Ce phénomène ne reste d'ailleurs pas sans effets sur les salaires et 'se traduit par des revendications de compensations en conséquence', selon M. Gianella.
De manière générale, 59% des administrateurs interrogés perçoivent de manière négative l'influence accrue du public, des médias et de la politique. Lors de la précédente enquête, ce taux ne s'affichait qu'à 45%.
A la question de savoir si l'influence des actionnaires va continuer à augmenter ces prochaines années, 73% des sondés fournissent une réponse favorable. Et ils sont quasi unanimes (93%) à estimer que les conseillers de vote vont à l'avenir gagner en importance.
Réserve sur les quotas
Les administrateurs se montrent également réservés quant à la proposition du Conseil fédéral d'une part de 30% des femmes au sein des conseils d'administration et des directions d'entreprises. Si 38% jugent l'opération réalisable au niveau des organes de surveillance, ils ne sont plus que 9% à partager cet avis pour les directions.
Pour mémoire, selon la dernière étude annuelle de la Fondation Ethos sur les rémunérations des instances dirigeantes, dévoilée en octobre dernier, le salaire moyen versé aux présidents du conseil d'administration des 20 sociétés du SMI a chuté l'an passé de 11% à 2,47 millions de francs. Il en est allé de même pour les autres membres de l'organe de surveillance, la rémunération moyenne s'établissant à quelque 383'000 francs (-4%).
/ATS