Malgré un contexte toujours difficile, la consolidation dans le secteur des banques privées en Suisse a nettement ralenti l'année dernière. Sur onze transactions au total, seules deux reprises entre établissements helvétiques ont été enregistrées.
Au cours du premier semestre 2017, la tendance se poursuit, avec zéro transaction, indique l'enquête annuelle du cabinet d'audit KPMG et de l'Université de Saint-Gall publiée jeudi. Cinq opérations ont toutefois déjà été annoncées pendant les mois de juillet et août.
L'année dernière, la principale transaction a été le rachat par l'institut zurichois EFG de la Banca della Svizzera Italiana (BSI). Empêtrée dans le scandale de blanchiment lié au fonds souverain malaisien 1MDB, la banque tessinoise a été dissoute après son intégration. A fin 2016, la branche totalisait 114 établissements. A fin juin 2017, après deux sorties du marché, elle en comptait 112.
En comparaison, l'exercice 2015 avait connu 9 fusions et acquisitions de banques privées suisses sur les 15 réalisés au total. La demande de reprises a bel et bien diminué du côté des acheteurs, observe KPMG.
Les gros acquéreurs sont moins intéressés à des 'petites opérations' en Suisse, où toujours moins de banques sont à prendre. Ils ont défini plus étroitement leurs segments de clientèle cible, et se montrent moins disposés à mener des restructuration après acquisition, expliquent les experts du cabinet d'audit. Côté vendeurs, les attentes étaient trop élevées.
Performance mitigée
L'enquête de KPMG porte sur un échantillon de 85 établissements (87 en 2015), à l'exclusion comme d'habitude d'UBS et de Credit Suisse. L'ensemble représentait au 31 décembre une masse sous gestion de 1635 milliards de francs, en progrès de 5,1% comparé à 2015 grâce aux fusions et acquisitions.
Mais l'afflux net d'argent frais, en stagnation depuis des années, est carrément passé en territoire négatif (médiane -1,6%) en 2016. En outre, les banques examinées accusent un reflux net de 43 milliards. La réorientation par les grandes et moyennes institutions de leur segment clientèle, en lien avec l'entrée en vigueur de l'échange automatique de renseignements (EAR), y est pour beaucoup.
Dopés en 2016 par des effets exceptionnels, les bénéfices nets ont explosé à près de 1,8 milliard de francs. Lors de l'exercice précédent, ils avaient chuté à 741 millions, plombés par des éléments uniques. Depuis 2010, les profits affichent toutefois une progression d'environ 10%.
Mais les marges, elles, souffrent. En 2016, le rapport entre les produits et les avoirs gérés en moyenne des banques privées opérant en Suisse s'est inscrit à 89 points de base (valeur médiane), 'le niveau le plus bas jamais connu', souligne KPMG. En cause, moins de produits nets des commissions et des intérêts.
/ATS