La Suisse et le Nigeria sont en passe de régler la restitution de 321 millions de dollars détournés par l’ex-dictateur Abacha. Didier Burkhalter et le ministre nigérian de la justice Abubakar Malami San ont signé mardi à Abuja une lettre d’intention en ce sens.
A l’issue de cette signature, le chef de la diplomatie suisse a indiqué que ce document confirme le principe de la restitution des fonds avec un monitoring de la Banque mondiale. Ce suivi est une exigence légale, afin que l’argent puisse effectivement être rendu au Nigeria et utilisé, comme le prévoit l’accord, pour soutenir des programmes sociaux en faveur de la population du pays.
La signature de cette lettre d’intention constitue donc un pas important. 'Cette étape a été rendue possible par la confiscation, par le procureur du canton de Genève, de cette somme initialement déposée sur des comptes au Luxembourg', précise le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) dans un communiqué.
Le chef du DFAE a rappelé que la Suisse avait été le premier pays à restituer de l’argent des fonds Abacha. Quelque 720 millions de dollars, qui reposaient sur des comptes en Suisse, avaient déjà été rendus au Nigeria il y a dix ans.
Implication économique intensifiée
'La lutte contre la corruption est une des priorités de la Suisse', a déclaré M. Burkhalter. Des garanties sont justement demandées par des ONG suisses et nigérianes. Dans une lettre ouverte citée par la Déclaration de Berne dans un communiqué, elles exigent que toutes les mesures nécessaires soient prises 'afin de garantir que ces fonds soient rendus de manière transparente et au bénéfice de la population spoliée'.
M. Burkhalter également rencontré le ministre des affaires étrangères Geoffrey Onyeama et le vice-président nigérian Yemi Osimbajo. La Suisse entend par ailleurs s’impliquer davantage sur le plan économique au Nigeria, première puissance économique africaine.
Signature d'un mémorandum
MM. Burkhalter et Onyeama ont signé un mémorandum qui règle les relations entre les deux pays. Des discussions régulières dans les domaines politique, des droits de l’homme et de la migration se tiendront dorénavant entre les deux pays dans ce cadre.
Les deux ministres ont également évoqué la politique sécuritaire de la région. Des groupes terroristes installés dans le nord du pays ont provoqué le déplacement de quelques deux millions de personnes, et la Suisse soutient les efforts humanitaires pour venir en aide à ces personnes.
Inauguration d'un consulat
M. Burkhalter devait inaugurer mardi soir un consulat général à Lagos, capitale économique du pays, rappelant que 'Lagos est au Nigeria ce que le Nigeria est à l'Afrique: un coeur économique'. Il évoquera les cinquante-cinq ans de relations amicales entre les deux pays, et l'ouverture d'une ambassade une année après l'indépendance du Nigeria, en 1961.
Ce consulat, souhaité par l’économie d’exportation, permettra d’aider les entreprises suisses désireuses de s’installer ou de se développer au Nigeria. Il s’inscrit également dans la politique nigériane d’encouragement à la création d’emplois.
/ATS