Saturation des aéroports suisses, concurrence des compagnies du Golfe: le secteur de l'aviation est en pleine mutation. Le Conseil fédéral veut agir pour maintenir la compétitivité de la place helvétique, dit-il jeudi un rapport sur la politique aéronautique.
Le précédent rapport sur la question datait de 2004. Depuis, la situation en matière de transport aérien a bien changé, explique le Conseil fédéral. La croissance de la mobilité, l'émergence de nouvelles compagnies aériennes et les progrès techniques nécessitent de nouvelles orientations.
'L'importance extraordinaire' du seul hub de Suisse, Zurich, est réaffirmée dans le rapport. Mais les aéroports nationaux fonctionnent depuis bientôt 40 ans avec les mêmes pistes.
Aux heures de pointe, Genève et Zurich sont ainsi à la limite de leurs capacités, rappelle le gouvernement. Dans dix ou vingt ans, ces deux aéroports auront épuisé leurs réserves de capacité. Seul l'aéroport de Bâle peut voir venir. Mais ses capacités ne suffisent pas pour y instaurer une plate-forme de correspondance (hub).
Objectifs contraignants
Un agrandissement des aéroports est très difficile vu l’exiguïté du territoire et se heurte à de fortes oppositions politiques, indique le Conseil fédéral. Il veut plutôt optimiser les installations existantes, le service de la navigation aérienne et les procédures de vol. Et de citer notamment les heures d'ouverture des aéroports, qui devraient être 'concurrentielles'.
La Confédération a la compétence d'agir au niveau de la planification sectorielle de l'infrastructure, fait valoir le gouvernement. Celle-ci devrait inclure des objectifs contraignants en matière de performance et de capacité.
Les aérodromes militaires représentent aussi un potentiel important pour l'aviation civile, surtout pour l'aviation d'affaires. Si celui de Dübendorf (ZH) pourrait servir à décongestionner le trafic côté alémanique, aucune alternative n'est toutefois en vue du côté de Genève.
Concurrence du Golfe
Autre problème, la concurrence des compagnies du Golfe. Situation géostratégique, puissance financière des États auxquels elles appartiennent, heures illimitées d'ouverture des aéroports, prix des carburants avantageux: elles jouissent de conditions plus favorables que leurs concurrentes européennes, constate le rapport.
'Dans ce contexte, il y a fort à parier que les compagnies européennes et en particulier Swiss vont perdre des parts de marché', relève encore le Conseil fédéral.
Mais dans ce domaine, la Suisse n'a guère la capacité d'agir seule. Le Conseil fédéral soutient donc la volonté de l'UE d’introduire une clause de concurrence loyale dans les accords sur les services aériens.
/ATS