Le National discute des futures relations entre Berne et Bruxelles

Les conseillers nationaux sont inquiets pour les futures relations entre la Suisse et l'Union ...
Le National discute des futures relations entre Berne et Bruxelles

Le National affiche ses divisions sur les relations avec Bruxelles

Photo: KEYSTONE/PETER SCHNEIDER

Les relations entre la Suisse et l'Union européenne ont largement occupé mardi le National. Louanges ou reproches au Conseil fédéral ont fusé de toute part. Quelques pistes, parfois aux antipodes, ont toutefois également été esquissées pour l'avenir.

Un parti avait le sourire lors du débat urgent sur les futures relations avec Bruxelles. L'UDC s'est une nouvelle fois réjouie de l'échec des négociations, le 26 mai, sur l'accord-cadre entre la Suisse et l'Union européenne (UE).

Roger Köppel (UDC/ZH) a salué 'un jour de fête', 'une heure de gloire' ou encore 'une merveilleuse envolée' pour le pays. Céline Amaudruz (UDC/GE) a elle félicité le Conseil fédéral pour son courage. Et la Genevoise d'appeler à lui faire confiance 'pour anticiper d'éventuels mouvements de mauvaise humeur de la Commission européenne, comme il a pu le faire avec l'équivalence boursière'.

Une vision non partagée par le reste de l'hémicycle où les critiques ont fusé. Le PS a parlé de déception, les Verts d'immense gâchis et de retour en arrière, les Vert'libéraux de décision incompréhensible et improbable. 'C'est un fiasco de politique extérieure', s'est emporté Roland Fischer (PVL/LU). Le PLR et le Centre ont également fait part de leurs regrets et de leurs inquiétudes face à l'avenir.

Lever le tabou de l'adhésion à l'UE

Plusieurs partis ont proposé des pistes pour esquisser les futures relations avec Bruxelles. Le PS a soumis une stratégie en plusieurs étapes. 'La contribution de cohésion, dont on est redevable depuis dix ans, doit être enfin versée. Elle doit aussi être augmentée volontairement et pérennisée', a expliqué Roger Nordmann (PS/VD).

'La libre circulation des personnes doit être développée', a complété Cédric Wermuth (PS/AG). 'Des projets très concrets de coopérations doivent être proposés à l'Union européenne, notamment dans les domaines de la recherche et de l'éducation.' Et l'Argovien de nommer les programmes Horizon Europe et Erasmus.

Enfin, 'il est temps de casser le tabou d'une adhésion à l'Union européenne', a lancé Roger Nordmann. Actuellement, la Suisse a moins de souveraineté que les autres pays européens. Ces derniers décident des règles que Berne finit par reprendre.

Adhésion à l'EEE aussi envisagée

La suggestion n'a pas beaucoup convaincu. Olivier Feller (PLR/VD) a critiqué une 'proposition réchauffée'. Isabelle Chevalley (PVL/VD) a elle pointé que la protection des salaires, principale pierre d'achoppement de l'accord-cadre pour les syndicats et les socialistes, ne serait pas améliorée. 'La pression augmenterait et ferait baisser tous les salaires. Ce serait un autogoal.'

Les Vert'libéraux proposent à la place de reprendre les négociations sur l'accord-cadre. A défaut, une adhésion à l'Espace économique européen (EEE) doit être étudiée.

Bilatérales III proposées

Pour le PLR, c'est un autre chemin qu'il faut emprunter. Olivier Feller a présenté un plan d'actions basé sur trois piliers.

'La voie bilatérale doit être sauvegardée', a-t-il expliqué. Les accords actuels, comme celui sur les dispositifs médicaux, doivent être dynamisés. Et de nouveaux accords doivent être négociés, notamment dans les secteurs de l'électricité, des services financiers ou de la santé. Un nouveau paquet de Bilatérales III doit ainsi être créé.

'Les partenariats avec les pays hors Union européenne doivent également être développés', a poursuivi le Vaudois. Enfin, des mesures doivent être prises en Suisse pour rendre les conditions cadre plus favorables à l'emploi et aux assurances sociales.

Reprendre les discussions

Moins concrète, Elisabeth Schneider-Schneiter (Centre/BL) a aussi appelé à poursuivre la voie bilatérale. Les relations avec les pays voisins, quelque peu délaissées par le passé, doivent être renforcées.

'Il faut reprendre les discussions politiques avec l'Union européenne', a également estimé Nicolas Walder (Verts/GE). De nombreuses questions, comme les crises climatique ou sociale, ne peuvent être résolues qu'au niveau global. Des relations étroites avec Bruxelles sont nécessaires.

Les Verts veulent encore des réponses concrètes sur les conséquences de toutes les options sur la table, de la voie de l'isolement à l'adhésion à l'UE, en passant par l'accord institutionnel et l'adhésion à l'EEE. Ils ont déposé un postulat à cette fin.

Dialogue politique à ouvrir

Face à toutes ces critiques, le ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis a apporté peu de nouveaux éléments. L'objectif de la Suisse reste de stabiliser la voie bilatérale, en s'engageant notamment à débloquer le milliard de cohésion.

Le message a déjà été envoyé au Parlement, qui se penchera sur le sujet à la session d'automne. Le memorandum l'accompagnant sera aussi rapidement finalisé, a-t-il précisé.

Un dialogue politique sera entamé au niveau ministériel, a continué le conseiller fédéral. Il sera utilisé pour discuter systématiquement des problèmes de mise en oeuvre des accords et leurs développements. Berne continuera en outre à reprendre le droit européen là où c'est dans son intérêt.

Le Tessinois est peu entré dans les détails, renvoyant à plusieurs documents précédemment publiés par le Conseil fédéral pour justifier sa décision.

/ATS
 

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