Le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l'économie suisse, en phase d'adaptation au franc fort. Le produit intérieur brut (PIB) devrait augmenter de 0,8% en 2015, contre une précédente estimation de 0,9%.
L'appréciation du franc ne devrait pas entraîner l'économie helvétique dans une récession marquée, à condition que la demande intérieure soit robuste et que l'économie mondiale se redresse, a indiqué le SECO mardi dans un communiqué. Ce dernier parle toutefois d'une 'adaptation douloureuse' à l'appréciation du franc.
La croissance devrait s'élever l'an prochain à 1,6%. En mars, le groupe d'experts de la Confédération tablait sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 1,8%.
Le commerce extérieur devrait peser en 2015 sur la croissance, alors que le ralentissement conjoncturel a été confirmé en début d'année. L'économie suisse devrait toutefois progresser grâce à une conjoncture européenne en légère mais régulière amélioration et au maintien d'une demande intérieure positive.
Exportations préoccupantes
Le PIB à prix constants a reculé de 0,2% au cours du premier trimestre. Selon le SECO, la contraction de l'activité économique ne s'explique pas uniquement par l'appréciation du franc consécutive à l'abandon du taux plancher de 1,20 franc pour un euro à la mi-janvier.
Les exportations de la chimie-pharmacie, qui ne réagissent pas fortement aux fluctuations de change, ont fléchi de 3% durant le 1er trimestre. Les investissements dans la construction ont également perdu de leur dynamique, fait remarquer le SECO.
Les indicateurs avancés disponibles depuis mai laissent entrevoir une légère embellie durant les prochains trimestres, estime le groupe d'experts de la Confédération. L'évolution des exportations de biens est toutefois jugée préoccupante.
Hausse du chômage
Le nouveau contexte monétaire devrait se faire ressentir sur le marché du travail. Le nombre de personnes au chômage a recommencé à augmenter depuis février, et surtout en mars et mai. La prévision du taux de chômage moyen pour 2015 est restée inchangée à 3,3%. Le pronostic a en revanche été légèrement revu à la hausse pour l'an prochain à 3,5%, contre une précédente estimation de 3,4%.
L'appréciation du franc rejaillit également sur les prix à la consommation. Le SECO maintient inchangées ses prévisions d'inflation à -1% en 2015 et +0,3% en 2016. La tendance à la baisse des prix à la consommation s'est poursuivie.
Les exportateurs se sont efforcés de limiter la hausse des prix de leurs produits et services en monnaies étrangères, quitte à voir leurs marges se réduire. Les prix à l'importation ont aussi fortement diminué.
Au-delà, une incertitude élevée règne sur l'ampleur de l'adaptation de l'économie helvétique au nouveau contexte monétaire. Tant les prix que les volumes des biens et services sont actuellement en phase d'ajustement, notent les experts.
Dépendance de la zone euro
La Suisse reste très exposée à de nouvelles variations importantes des taux de change. Le dossier grec représente toujours une source d'inquiétude. Les chances pour la Grèce de sortir d'un cercle vicieux qui alimente une crise économique grave et de trouver une solution au financement de la dette continuent d'être très incertaines, estime le SECO.
A contrario, une résolution temporaire de la crise et une embellie plus forte qu'attendu dans la zone euro devraient faciliter un affaiblissement du franc.
A titre de comparaison, la Banque nationale suisse (BNS), qui livre jeudi son examen sur la situation économique et monétaire, prévoit une croissance de moins de 1% cette année. UBS et Credit Suisse visent pour leur part des hausses respectives de 0,5% et 0,8%. L'institut zurichois KOF se montre le plus pessimiste avec un pronostic de 0,4% après une brève phase de récession.
/ATS