Les femmes sont les héroïnes de la crise du coronavirus. Mais elles sont aussi les premières victimes. Le Parti socialiste exige que les salaires et les conditions de travail soient améliorés. Il a exposé vendredi sa stratégie pour sortir de la crise.
Les femmes sont souvent actives dans des professions peu rémunérées, comme le domaine de la gastronomie, celui des soins ou du nettoyage. Elles s'occupent aussi majoritairement de enfants et des proches qui ont besoin d'aide, rappellent les socialistes vendredi lors d'une vidéo-conférence.
Ces métiers 'féminins' doivent être placés au centre du programme conjoncturel. La Suisse a besoin d'un plan féministe de relance économique, estime le parti. Des modifications profondes de l'ordre socio-économique doivent suivre, a argué le président du PS, Christian Levrat.
Si l’Etat investit maintenant de l’argent pour relancer l’économie, il est impératif que cet investissement soit également consacré au secteur des soins. Cela permettra aussi d’améliorer la compatibilité entre vie professionnelle et vie familiale et d’étendre les services publics pour toutes et tous.
Maintenir les salaires
Le parti à la rose demande de maintenir le pouvoir d'achat de la population et donc les salaires. Cela permettra aux ménages d'effectuer les achats reportés et d'investir à nouveau dans des activités culturelles, sportives et touristiques. Et par là-même, soutenir l'économie suisse.
Et les primes d'assurance maladie 2021 doivent être gelées au niveau de 2020. Aucun ménage ne devrait avoir à payer plus de 10% de son revenu disponible pour les primes, comme le demande le PS au travers de son initiative populaire.
Par ailleurs, le régime de réduction de l'horaire de travail doit être généralisé y compris pour les salariés occupés de manière temporaire, sur appel, à l’heure. Pour les salaires inférieurs au salaire médian (6502 francs par mois) une compensation entière des pertes salariales doit être assurée (100% contre les 80% prévus).
Bons de 200 francs
Pour relancer l'économie de proximité, le PS propose d'offrir à chaque habitant un bon de 200 francs. Celui-ci pourra être utilisé dans le tourisme, les loisirs, la culture, les restaurants ou les bars et les hôtels, par exemple.
Ces domaines souffrent massivement des restrictions, a souligné le conseiller national Roger Nordmann. Ils souffriront encore de l'absence de touristes étrangers en 2020. Ces bons coûterait 1,7 milliard à la Confédération. 'Une fraction de l'effort consenti', selon M. Nordmann.
Le parti veut aussi soutenir le domaine de la santé, les crèches, les indépendants et les petites entreprises et accompagner la numérisation. Par ailleurs, les perspectives pour le seccteur de l'exportation sont incertaines. Celui-ci concerne un tiers des salariés en Suisse. Le risque doit être réduit en misant sur les secteurs les plus prometteurs.
Le PS demande donc des programmes d'investissements indigènes, centrés sur les infrastructures publiques (transports publics, travaux d’agglomération), sur l’assainissement des bâtiments et sur les investissements dans les énergies propres.
Ni dividendes, ni bonus
Les gagnants de la crise, ou ceux qui ne s'en sortent pas trop mal, doivent concéder un effort particulier afin de sortir de la crise, a expliqué M. Levrat. Le PS veut créer un fonds pour faire face aux coûts du Covid-19.
Celui-ci serait alimenté, pour une période limitée dans le temps, par une augmentation linéaire de 10% de l’impôt fédéral direct pour les personnes physiques à compter de 300'000 francs de revenu imposable, un supplément de solidarité extraordinaire de 5% à l’impôt sur le bénéfice des entreprises au plan fédéral, l’imposition entière des dividendes, un impôt sur les successions supérieures à 10 millions et un impôt spécial de solidarité sur les fortunes supérieures à un demi-milliard de francs (par ex. 1 centime par franc supérieur à 500 millions).
Par ailleurs, la BNS devrait faire un versement unique afin de soutenir les assurances sociales. Les coûts ne doivent pas uniquement être portés par les familles.
Ne rien faire sur le plan fiscal aujourd’hui, c’est accepter une succession de programmes massifs d’austérité sur le dos de la formation, de l’agriculture ou de l’aide au développement, a encore avancé le président du PS. Pour le PS, la situation est claire: quiconque reçoit une aide de l’Etat en tant qu’entreprise en crise ne peut pas verser de primes ou de dividendes, et ce aussi longtemps que les prêts ne sont pas remboursés.
/ATS