Le Rhin est nettement plus pollué par des microdéchets de plastique que d'autres cours d'eau. A Bâle, la concentration est légèrement inférieure à celle du lac Léman, tandis que dans la région de la Ruhr (D), elle est dix fois supérieure, selon une étude bâloise.
Les chercheurs du département des sciences de l'environnement de l'Université de Bâle ont récolté au total 31 échantillons sur treize sites à la surface du fleuve entre Bâle et Rotterdam. Leur constat, publié dans la revue Scientific Reports: le Rhin fait partie des fleuves les plus pollués par les microplastiques, soit des particules dont la taille est comprise entre 0,3 et 5 millimètres.
La concentration moyenne est de 892'777 particules par kilomètre carré. Entre Bâle et Mainz, elle est de 202'900, dans la région de Cologne de 714'053, tandis que dans la Ruhr, elle grimpe à 2,3 millions de particules par kilomètre carré.
La valeur la plus élevée, 3,9 millions, a été mesurée à Rees, à une quinzaine de kilomètres de la frontière néerlandaise. Plus en aval, en direction de la mer, les taux redescendent.
A titre de comparaison, le lac Léman et le lac Majeur affichent des concentrations de l'ordre de 220'000 particules par kilomètre carré, le lac Erié aux Etats-Unis de 105'500. Le Rhône à Genève présente également une charge largement inférieure, a indiqué mardi l'Université de Bâle dans un communiqué.
Dix tonnes par année
Les chercheurs ont calculé que le Rhin déverse ainsi chaque jour dans la Mer du Nord 191 millions de particules de plastique, ce qui représente un total de dix tonnes par année. Quant à la provenance de ces déchets, elle est très difficile à déterminer, a indiqué à l'ats Thomas Mani, premier auteur de l'étude.
Outre des fibres et des fragments, ces recherches ont également mis en évidence des microbilles de plastique. Près de Duisburg par exemple, elles représentaient 60% du total et étaient plus petites et d'un autre matériau que les granulats que l'on trouve dans le commerce ou les produits cosmétiques.
Selon M. Mani, il pourrait s'agir de déchets utilisés lors de processus industriels. A cet égard, un important travail de détective est nécessaire, note le scientifique, qui souligne que l'étude a attiré l'attention des autorités chargées de la protection de l'environnement.
Une telle pollution doit être combattue à la source, estiment les auteurs. Les stations d'épuration ne retiennent qu'une partie de ces déchets. D'autres solutions, comme le filtrage par exemple, s'avèrent hors de prix et pratiquement impossibles à mettre en oeuvre sur de gros volumes.
En outre, les valeurs réelles, prenant en compte les couches profondes et les sédiments, pourraient être bien plus élevées.
/ATS