Infertilité, mutations génétiques et même cancer: les auteurs de l'initiative 'Pour une Suisse sans pesticides de synthèse' mettent en garde contre les pesticides. Ils plaident pour une interdiction totale.
Le pédiatre français Charles Sultan a qualifié les pesticides de synthèse de 'crime contre l'avenir' devant les médias lundi à Berne. Ces substances altèrent le génome humain et la capacité de reproduction, elles inhibent le développement du fœtus et sont potentiellement cancérigène.
Pour le médecin, les pesticides sont une bombe à retardement, car les toxines s’accumulent dans le sol. De plus, si on examine l'effet de substances individuelles, on ignore de quelle manière les différentes substances interagissent.
Avec les pesticides, la dose n’est pas cruciale non plus, a déclaré Antoinette Gilson du comité directeur. Comme plusieurs d'entre eux agissent comme des hormones, c'est la durée et le moment de l'exposition qui sont déterminants. Selon Mme Gilson, les femmes enceintes sont en première ligne, car consommer des aliments contaminés par des pesticides nuit au fœtus.
Avantages économiques
Les initiants voient dans une interdiction des pesticides des avantages non seulement pour la santé, mais aussi pour l'économie. L'objectif est un changement structurel, a déclaré Joël Thiébaud, du comité directeur. Le label 'Swiss Made' sortirait grandi de ce processus, ce qui profiterait également aux exportations et au tourisme.
Mais c'est surtout l'agriculture qui en tirerait avantage, le viticulteur Jean-Denis Perrochet du comité d'initiative en est convaincu. Une interdiction des pesticides de synthèse entraînera une réactivation de la vie et de la fertilité des sols, a-t-il dit. 'La Suisse pourrait devenir un pionnier de l'agriculture durable.'
Les initiants savent qu'un tel changement ne se produit pas du jour au lendemain. Il a fallu environ six ans à M. Perrochet pour convertir son vignoble à une production biodynamique. L'initiative prévoit une période de transition de dix ans. Le changement n'est pas une question de compétence, mais de volonté, a poursuivi le viticulteur.
L'initiative appelle à l'interdiction des pesticides de synthèse dans la production agricole, la transformation des produits agricoles et la conservation des sols et des paysages. Les Suisses devraient s'exprimer dans les urnes sur ce sujet en 2020.
La liste des interdictions comprend le glyphosate ou les néonicotinoïdes, un insecticide dangereux pour les abeilles. Des substances comme le sulfate de cuivre seraient toujours autorisées, même dans l'agriculture biologique. L'utilisation d'engrais resterait admissible.
/ATS