Une flotte mixte composée de rames suisses et françaises circulera sur le futur réseau ferroviaire franco-valdo-genevois. La Région Rhône-Alpes a annoncé jeudi une commande de 17 rames Régiolis au fabricant français Alstom pour 220 millions d'euros.
La France hésitait encore il y a peu entre une offre suisse du constructeur thurgovien Stadler et une offre d'Alstom. Mais après comparaison, 'l'offre suisse était décevante', a indiqué à Annemasse (F) Jean-Jack Queyranne, président de la Région Rhône-Alpes.
Il souligne que le matériel roulant des deux constructeurs était assez semblable au niveau des performances. Mais le montage financier proposé par la Suisse qui impute les aléas du taux de change à la France et l'absence de contrepartie en terme d'emploi ont fait pencher la balance vers Alstom.
Aléas du taux de change
Selon Jean-Jack Queyranne, la Suisse proposait un montage sous la forme d'une location des rames par l'intermédiaire des CFF (11,88 francs par véhicule et par kilomètre la première année). Mais une clause spécifiait que les CFF ne supportaient pas les risques liés au taux de change, a relevé M. Queyranne.
L'autre problème résidait dans le manque d'engagement précis de Stadler pour la création d'un centre de maintenance en France si la Région Rhône-Alpes choisissait ses trains. Jean-Jack Queyranne aurait voulu des garanties alors que la proposition suisse n'évoquait selon lui que d'éventuelles intentions.
Soutien à l'industrie
Autre élément déterminant dans le choix de la Région Rhône-Alpes: le soutien à l'industrie nationale. Non seulement Alstom a un carnet de commande rempli, mais Annemasse décroche aussi 40 emplois supplémentaires avec l'installation du centre de maintenance au niveau de la gare.
Côté suisse, les CFF ont annoncé en juillet dernier l'acquisition de 23 rames 'Flirt' auprès de Stadler pour un montant de 236 millions de francs. Cinq de ces trains 'Flirt' circulent déjà entre Genève et Bellegarde depuis août 2014, précisent les CFF .
Les 18 autres seront livrés progressivement jusqu'à la mise en service de la liaison Cornavin-Eaux-Vives-Annemasse (CEVA) et au déploiement complet des 230 kilomètres du réseau transfrontalier en décembre 2019.
Surcoûts
Les CFF se sont réjouis jeudi de la décision française qui représente un pas important sur le chemin de la réalisation du futur RER franco-valdo-genevois. Mais ils auraient préféré une flotte unique mieux identifiable par les clients, précise leur porte-parole Donatella Del Vecchio.
Une flotte mixte génère aussi des frais supplémentaires pour les commanditaires du trafic régional, explique-t-elle en évoquant la formation du personnel sur deux types de train, les systèmes d’information à la clientèle différents ou encore l'entretien, la maintenance et les parkings des rames en plus.
Selon les CFF, l'exploitation d'une flotte mixte implique des coûts supplémentaires de 5 à 10%. Interrogé sur ces surcoûts, Jean-Jack Queyranne répond que cette estimation est trop élevée. Ces surcoûts ont par ailleurs été pris en compte dans la comparaison des offres, relève-t-il.
Délais assurés
Les travaux côté suisse pour le CEVA ont débuté en 2011 alors que le premier coup de pioche côté français a été donné le 19 mai dernier. Les délais seront respectés, a assuré M. Queyranne. Il reste encore à trouver un nom pour le futur réseau. Une consultation est en cours auprès de la population.
/ATS