Le ministre russe de l'Economie Alexeï Oulioukaïev a été assigné à résidence et démis de ses fonctions mardi après son inculpation. Selon les enquêteurs, il a tenté de soutirer deux millions de dollars au puissant groupe pétrolier Rosneft.
Visage fermé derrière ses lunettes carrées, costume sombre: celui qui, quelques heures plus tôt, gérait une administration clé dans un pays en récession était arrivé sous escorte au tribunal moscovite qui devait décider de son sort le temps de l'enquête.
'Je suis déterminé à coopérer avec les enquêteurs autant que possible puisque ma réputation ne peut être lavée qu'en trouvant la vérité', avait déclaré M. Oulioukaïev avant la décision du tribunal, cité par les agences russes.
'Il dit qu'il n'est pas coupable. Il dit que c'est une provocation', a déclaré son avocat, Timofeï Gridnev.
Limogé
Le tribunal a décidé d'assigner à résidence M. Oulioukaïev, 60 ans, jusqu'au 15 janvier et lui a refusé des promenades quotidiennes malgré la requête de ses avocats qui ont invoqué les problèmes de santé de leur client.
Il lui est également interdit de communiquer avec l'extérieur, d'utiliser un téléphone ou de recevoir de la visite, hormis celle de ses proches.
Le président russe Vladimir Poutine a pour sa part limogé M. Oulioukaïev peu après la décision du tribunal. Il a été remplacé par son adjoint, Evguéni Eline, 54 ans, selon la porte-parole du gouvernement, Natalia Timakova.
Plus haut responsable
Selon des informations du tribunal citées par l'agence de presse publique russe TASS, au moins deux personnes ont témoigné contre l'ex-ministre.
Le Comité d'enquête, principal organe d'investigation en Russie, a également affirmé posséder des 'preuves accablantes' contre Alexeï Oulioukaïev, notamment des enregistrements audio et vidéo.
Il s'agit du plus haut responsable russe interpellé pour de telles accusations depuis l'arrivée au pouvoir en 2000 de Vladimir Poutine.
Il a été arrêté lundi peu avant minuit lors d'une opération menée par les services secrets russes alors que, selon les enquêteurs, il s'apprêtait à empocher deux millions de dollars au siège de Rosneft. M. Oulioukaïev a été ensuite inculpé formellement d''extorsion de pots-de-vin'. Il risque jusqu'à 15 ans de prison.
Feu vert monnayé
Selon les enquêteurs, l'ex-ministre a 'exigé de la direction de Rosneft' ces deux millions de dollars en échange de son feu vert pour l'acquisition par le géant pétrolier semi-public russe Rosneft du pétrolier Bachneft, appartenant à l'Etat.
Il a 'menacé d'user des pouvoirs liés à sa fonction pour faire obstacle aux activités du groupe' si ce dernier ne s'exécutait pas, a précisé la même source. La direction de Rosneft aurait alors contacté les autorités.
/ATS