Les managers suisses sont toujours trop payés, selon Travail.Suisse

Travail.Suisse tire à boulets rouges sur les salaires des managers. Malgré l'initiative Minder ...
Les managers suisses sont toujours trop payés, selon Travail.Suisse

Les managers suisses sont toujours trop payés, selon Travail.Suisse

Photo: Keystone

Travail.Suisse tire à boulets rouges sur les salaires des managers. Malgré l'initiative Minder, ils continuent d'être 'exorbitants', selon l'organisation syndicale. Dans trois quarts des entreprises, les rémunérations de la direction ont augmenté depuis 2011.

Pour ces sociétés, la hausse moyenne est de 18%, selon une étude annuelle du syndicat. 'L’acceptation massive de l’initiative Minder n’a pas permis de juguler l’augmentation des salaires des 'top managers'', a dit lundi Jacques-André Maire, vice-président de Travail.Suisse, devant les médias à Berne.

Si certains très hauts salaires ont diminué, les rémunérations des managers caracolent toujours à un très haut niveau. Travail.Suisse cite l'exemple de l’entreprise pharmaceutique Roche, qui décroche la première place pour l’écart salarial de 1 à 253 pour le président sortant du conseil d’administration, Franz Humer, et un rapport de 1 à 230 pour le CEO, Severin Schwan, par rapport au plus bas salaire.

Dix patrons à plus de 5 millions

Outre Roche, Nestlé, UBS et Novartis font partie des entreprises qui paient leurs chefs plus de 200 fois plus que les autres employés, a détaillé Gabriel Fischer, responsable de la politique économique à Travail.Suisse. Avec Credit Suisse, ABB, Swatch, Lindt & Sprüngli, Zurich et Clariant, ce sont dix entreprises qui payent leur CEO bien plus de 5 millions de francs.

Contactée par l'ats, l'Union patronale suisse (UPS) refuse de commenter les chiffres calculés par Travail.Suisse. Elle préfère se référer aux statistiques officielles, selon lesquelles les différences entre les salaires les plus élevés et les plus bas sont modérées en Suisse, en comparaison internationale.

Malgré l'initiative Minder, qui interdit les indemnités d'entrée et de départ, celles-ci continuent d'être versées, car les entreprises peuvent contourner les règles de différentes manières, dénonce Travail.Suisse. Selon elle, le développement des salaires des managers a contribué à la perte de confiance de la population vis-à-vis de l’économie.

Une telle crise de confiance peut avoir de graves conséquences, a averti Jacques-André Maire. L’acceptation de l’initiative contre l’immigration de masse peut être interprétée comme un signal fort montrant que le peuple est alors prêt à envisager des mesures extrêmes ou populistes sans tenir compte de leurs conséquences négatives sur l’économie et sur ses relations avec les autres pays.

Réagissant au reproche de ne pas vouloir appliquer l'initiative Minder, l'UPS le qualifie d''insinuation polémique, voire même antidémocratique'. Elle souligne que, même avec l'initiative Minder, la liberté de fixer les salaires reste intacte pour les entreprises. Et le vote des actionnaires sur les rémunérations de la direction renforce la transparence et le contrôle.

Bannir les indemnités

Travail.Suisse propose plusieurs mesures pour rectifier le tir. Par exemple un renforcement du droit de la société anonyme, afin d'éviter que l'interdiction des indemnités d'arrivée et de départ puisse être contournée. La faîtière suggère aussi une transparence fiscale pour les très hauts revenus et une discussion politique sur une contribution de solidarité.

Or les entreprises rechignent à faire preuve de transparence, a déploré Martin Flügel, président de Travail.Suisse. Le syndicat a demandé aux 27 entreprises analysées le montant de l’impôt sur le revenu payé, en 2014, par le directeur. Seize n’ont jusqu’à présent pas réagi. Onze entreprises ont répondu de manière sympathique mais évasive. Aucune n'a donné un chiffre concret.

L'Union patronale suisse rétorque qu'un marché du travail libre constitue un atout essentiel pour la position forte de la place économique suisse. Et les employés en profitent aussi, avec un faible taux de chômage et des prestations sociales et des salaires solides.

Travail.Suisse a analysé pour la 11e fois consécutive l'écart l’écart entre les salaires les plus hauts et les plus bas, dans 27 entreprises suisses. Unia s'est livré la semaine passée au même exercice pour 41 grandes entreprises, avec des conclusions comparables. L’an passé, les écarts entre les salaires les plus élevés et les plus bas se sont à peine réduits, notait le syndicat.

/ATS


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