Les partisans du revenu de base inconditionnel misent sur un mouvement citoyen grandissant pour convaincre le peuple le 5 juin. Ils ont lancé leur campagne lundi devant la presse à Berne et en distribuant des billets de dix francs en gare de Zurich.
L'initiative populaire 'Pour un revenu de base inconditionnel' est rejetée à droite et ne peut compter que sur quelques soutiens à gauche. Même s'ils ne se font pas d'illusion sur les résultats de la votation populaire, les partisans de ce texte ne se laissent pas démonter.
Mouvement citoyen
'Tous les grands changements de société sont issus de mouvements citoyens', a affirmé Ralph Kundig. L'idée intéresse les citoyens, et il a suffi souvent de 15 secondes pour convaincre quelqu'un de signer l'initiative.
Les choses bougent, selon lui. Le mouvement citoyen est grandissant. Les initiants misent beaucoup sur les réseaux sociaux et leur page Facebook compte plus de 11'000 membres. Ce n'est pas avec de l'argent mais avec de la créativité qu'il faut convaincre, a noté Daniel Häni.
Pièces et billets
Pas possible pour l'heure de connaître le budget des initiants ni les noms des donateurs. Dix mille francs ont en tout cas pu être libérés pour distribuer des billets de dix francs comme support de campagne. Et après les montagnes de cinq centimes versés sur la Place fédérale pour marquer le dépôt du texte, l'affiche appelant à voter 'oui' reprendra l'image d'une pièce jaune.
2500 francs pour tout le monde
L’initiative vise à instaurer une indemnité devant permettre à toutes les personnes vivant en Suisse de mener une existence digne. Tout le monde y aurait droit, les Suisses ainsi que les étrangers moyennant un délai de résidence encore à fixer.
Le montant du revenu de base devra être réglé au niveau de la loi. Les initiants, au nombre desquels on trouve l'ancien vice-chancelier de la Confédération Oswald Sigg, parlent de 2500 francs par mois pour les adultes et de 625 francs pour les enfants et les adolescents.
Ils rejettent l'idée selon laquelle la Suisse deviendrait alors un Eldorado pour les migrants comme celle de gens qui se détourneraient des basses besognes. Les travaux ingrats devront le cas échéant être revalorisés, selon Enno Schmidt.
Vision à long terme
Daniel Straub n'a pas hésité à paraphraser John Fitzgerald Kennedy. Le revenu de base inconditionnel est comme la conquête de la lune: une vision à long terme. Il s'agit de construire l'économie de marché du futur. 'Nous avons une productivité énorme mais nous ne l'utilisons pas'.
Le projet serait une réponse humaniste au développement technologique. Jusqu'à 50% des emplois disparaîtront ces prochains vingt ans. Mais les machines ne paient pas d'impôt ni de cotisations sociales. Comment financera-t-on alors l'AVS, l'AI ou l'assurance chômage?, s'est interrogé Ralph Kundig.
La piste d'un revenu de base inconditionnel est déjà explorée dans plusieurs pays. L'idée fait des émules aux Pays-Bas, en Islande, en Finlande ou au Québec. Selon Ralph Kundig, les expériences pilotes tendent à démontrer un développement économique.
Chacun sa place
Autre avantage, le revenu de base donnera davantage de place aux différents modes de vie: revaloriser une production agricole locale et biologique ou une vie d'artiste, mieux organiser la réinsertion professionnelle d'un chômeur, mener des études exigeantes sans souci financier.
Il permettrait aussi de renforcer la compatibilité entre vies familiale et professionnelle, a jouté Anne Béatrice Duparc. Les femmes, en s'occupant des enfants ou d'un parent âgé sans recevoir de rémunération, font les frais du système actuel. Leur travail à temps partiel sert le plus souvent à subventionner le temps plein des autres.
Taxe sur les transactions
Reste à savoir comment financer l'opération. Selon les initiants, qui reprennent à leur compte les calculs de l'Office fédéral des assurances sociales, les surcoûts se limiteraient à 25 milliards de francs.
Instaurer un revenu de base pour tous coûterait en tout 208 milliards. Environ 128 milliards pourraient être trouvés via la part de 2500 francs déjà versée dans les revenus actuels. Environ 55 millions peuvent être dégagés en remplaçant une partie des sommes versées par les assurances sociales par le revenu de base.
Quant aux 25 milliards restants, plusieurs pistes existent. Plutôt qu'un doublement de la TVA, les initiants préfèrent miser sur une 'microtaxe' (0,05%) sur l'ensemble des transactions financières.
/ATS