Les députés vaudois n'ont pas voulu, mardi, que le Conseil d'Etat soit chargé d'étudier des pistes de reconversion pour les cultivateurs de tabac. La majorité des élus ont reproché aux tenants de ce projet de vouloir démolir cette culture présente dans la Broye.
Le postulat de Stéphane Montangero a provoqué un vif débat parmi les parlementaires vaudois. Estimant que 'la culture du tabac est une activité économique en déclin', le socialiste a dit vouloir 'anticiper et permettre aux agriculteurs de sortir la tête haute de la culture du tabac, s'ils le souhaitent'.
Son texte demandait ainsi au Conseil d'Etat d'étudier les différentes options permettant un remplacement de la culture du tabac par d'autres cultures, les moyens nécessaires à ces reconversions et le rôle que la Confédération et le canton pourraient ici jouer.
Lutte contre le tabac
L'homme ne s'en cache pas non plus, il estime que l'Etat ne devrait pas mettre en place des mesures pour encourager la production de tabac car 'fumer tue'. Et de tourner son regard vers la convention signée l'an dernier, pour cinq ans, entre les producteurs de tabac et les cigarettiers, qui a pour but de mettre en place un soutien aux petits et moyens planteurs de tabac du pays.
Pour l'UDC Aliette Rey-Marion, paysanne dans la Broye, ce postulat visait tout simplement 'à détruire l'agriculture du tabac'. Et d'ajouter qu'environ 180 familles vivent de cette activité dans la Broye vaudoise et fribourgeoise.
Si une exploitation agricole a besoin d'une reconversion, elle saura se débrouiller. 'Les agriculteurs sont indépendants et responsables', a-t-elle lâché.
Fausse bienveillance
Pour la Verte Josée Martin, la culture du tabac est pourtant à un seuil critique de rentabilité, en raison essentiellement des coûts de la main-d'oeuvre. 'Depuis les années 2000, 40% des producteurs ont jeté l'éponge'. C'est notamment grâce au soutien des cigarettiers que les cultivateurs s'en sortiront, en tout cas jusqu'en 2019, a-t-elle prévenu. Mais après?
Autant donc prendre les devants et étudier des pistes de reconversion, a-t-elle poursuivi. Argument auquel elle a ajouté les dégâts sur la santé que provoque le tabac.
Mais pour l'UDC Marc-André Bory, 'sous l'apparente bienveillance pour les cultivateurs', les tenants du postulat veulent en fait uniquement lutter contre le tabac. 'Il n'y a par ailleurs aucun signe tangible que le soutien des cigarettiers va s'arrêter'.
Culture rentable
De son côté, le conseiller d'Etat Philippe Leuba, en charge de l'économie et du sport, a insisté: 'Nous avons besoin de cette production de tabac (...) Elle est indispensable à certaines familles'.
Et de donner des chiffres. ll n’y a pas de positionnement agricole qui génère pour l'agriculteur une marge brute aussi importante que le tabac: 35'000 francs par hectare et par an pour le tabac contre 1500 francs pour le blé. Par ailleurs, 'aucun exploitant ne m'a demandé un plan de sortie du tabac. Aucun!', a martelé le PLR.
Les députés ont classé le postulat par 73 oui, 46 non et 5 abstentions.
/ATS