Vladimir Poutine s'est efforcé de rassurer les Russes frappés par la récession économique, assurant que le 'pic' des problèmes liés aux sanctions sur fond de crise ukrainienne était passé. Il a aussi regretté la force imposée par l'Union soviétique en Europe de l'Est.
Le président russe s'exprimait en direct à la télévision pour une séance de questions-réponses avec les Russes qui a duré près de quatre heures. Il a choisi de jouer l'apaisement concernant les commémorations de la victoire contre l'Allemagne nazie.
Alors que les invitations du Kremlin pour la parade du 9 mai sont boudées par la grande majorité des dirigeants occidentaux, il a affirmé qu''imposer le modèle (soviétique) aux pays de l'Europe de l'est' après 1945 n'avait pas été 'une bonne chose'.
Mais c'est l'état de l'économie qui a dominé ce rendez-vous annuel de communication politique, pour lequel plus de trois millions de questions avaient été posées.
Inflation en augmentation
La Russie, frappée par une crise monétaire sans précédent depuis l'arrivée au pouvoir de M. Poutine en 2000, subit désormais une crise économique qui suit un an d'isolement croissant en raison de la crise ukrainienne mais aussi de chute des cours du pétrole.
S'il a reconnu les difficultés rencontrées par la population en raison de l'inflation galopante et gardé un ton grave, le président russe a surtout insisté sur la résistance du pays dans ce contexte difficile et les lueurs d'espoir.
'Les experts voient que nous avons passé le pic des problèmes en terme de remboursement des crédits extérieurs par les banques et par les entreprises du secteur réel', a-t-il insisté.
La dernière intervention majeure du président à la télévision en décembre avait eu lieu dans un contexte d'effondrement du rouble faisant craindre le pire pour l'économie russe.
Appréciation de 40 % sur le dollar
Si l'activité montre bien des signes de récession, le mouvement semble plus limité que prévu. Soutenue par l'apaisement des combats en Ukraine et un rebond des cours du pétrole, la devise russe a même repris près de 40 % depuis début mars face au dollar, ce qui en fait la monnaie la plus performante depuis le début de l'année.
Quelques heures avant l'émission, le dollar est même retombé sous le seuil psychologique des 50 roubles pour la première fois depuis novembre. La plupart des secteurs doivent toutefois faire face à des réductions budgétaires de 10%.
Par conséquent, le président russe, qui avait prédit en décembre une sortie de crise au bout de deux ans, a estimé qu'elle se ferait 'peut-être plus rapidement'.
Vente prévue à l'Iran après l'accord de Lausanne
Il a toutefois prévenu: 'il est peu probable qu'on puisse attendre une levée des sanctions parce qu'il s'agit d'une question politique', qui vise à 'contenir le développement' de la Russie.
Après une longue séance de questions économiques, le président russe a expliqué sa décision de lever l'interdiction de livrer à l'Iran des batteries sol-air S-300. Il a répété qu'elle se justifiait par la conclusion de l'accord-cadre conclu à Lausanne entre Téhéran et les grandes puissances.
Interrogé sur la crise ukrainienne, le chef de l'Etat a démenti une nouvelle fois la présence de troupes russes en Ukraine malgré les accusations de Kiev, des Occidentaux et de l'OTAN. Il a toutefois concédé ne 'faire aucune différence entre Russes et Ukrainiens', affirmant qu'une guerre entre Kiev et Moscou était 'impossible'.
Armée seule alliée de la Russie
Il a minimisé le refus de la France de livrer les navires Mistral à la Russie, 'un mauvais signe' mais 'sans importance' selon lui. A demi-mots, le président a reconnu l'isolement de son pays. Citant le tsar Alexandre III, il a affirmé que 'la Russie n'a que deux alliées: son armée et sa Flotte militaire'.
'Nous ne considérons aucun pays comme notre ennemi. Et nous ne conseillons à personne de nous considérer comme son ennemi', a-t-il lancé.
/ATS