Depuis que l'on sait que les flatulences des vaches produisent du méthane néfaste au climat, l'image du lait suisse en a pris un coup. Un projet lancé dans le canton de Berne entend réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre par kilo de lait d'ici 2030.
Ce partenariat public-privé regroupe l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG), Nestlé Suisse et aaremilch AG, ont indiqué ses responsables jeudi devant la presse à Konolfingen (BE) en présentant les premiers résultats.
En une année, les 46 exploitations-pilotes de la région ont réussi à réduire leurs émissions de CO2 de 123 tonnes par rapport à la situation de départ (période 2014 – 2016), soit l’équivalent des émissions de 20 tours du monde en voiture.
D’ici 2020, le projet de lait 'écophile' devrait permettre d’économiser près de 50 grammes d’équivalent CO2 par kilo de lait, soit une réduction de 10%. Un tel résultat est rendu possible en combinant plusieurs mesures, entre autres en laissant vivre les vaches plus longtemps.
Actuellement, une vache laitière vit en moyenne cinq ans et produit du lait pendant trois ans environ. En la laissant vivre deux ans de plus, les gaz à effet de serre émis pendant la croissance de la génisse, durant laquelle elle produit du méthane mais pas de lait, sont répartis sur une plus longue période et une plus grande quantité de lait.
Cette simple mesure permet d'économiser 5% d'émissions de méthane par kilo de lait. D’autres optimisations au niveau de l’élevage sont à l'essai. En collaboration avec la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL) de la Haute école spécialisée bernoise, le programme teste des aliments et des compléments alimentaires permettant de réduire les émissions de méthane.
'Modèle de production durable'
Ces diverses mesures visent une réduction de 20% des émissions d'équivalent CO2 par kilo de lait d’ici 2030. 'Nous sommes convaincus que les résultats que nous obtiendrons nous permettront de faire de l’économie laitière suisse dans son ensemble un modèle de production durable et respectueuse de l’environnement au niveau international', déclare Adrian Aebi, vice-directeur de l’OFAG, cité dans un communiqué des trois partenaires.
'La complexité de la thématique exige davantage que des opérations express visant à se profiler sur le marché à court terme', ajoute Donat Schneider, directeur d’aaremilch AG.
Professeur en environnement durable à la HAFL, qui assure le suivi scientifique du projet, Jan Grenz souligne que 'les émissions de gaz à effet de serre générées par les vaches laitières, notamment le méthane produit lors de leur digestion, dépendent d’un grand nombre de facteurs et d’interactions. Les quantifier et les réduire sans pour autant augmenter la consommation de ressources est un véritable défi'.
/ATS