Les résultats annuels de Richemont, publiés vendredi, ont souffert du franc fort ainsi que de la faiblesse de la demande en Asie. Le groupe de luxe a pris des mesures en Suisse pour compenser la hausse du franc par rapport à l'euro.
Richemont a vu son bénéfice net chuter de 35% sur un an lors de l'exercice 2014/2015 (clos fin mars) à 1,334 milliard d'euros (1,39 milliard de francs). Le chiffre d'affaires du groupe de luxe genevois a lui augmenté de 4% à 10,41 milliards d'euros (de 1% à taux de change constant).
Richemont fait part d'une solide croissance en Europe, au Moyen-Orient ainsi que dans les Amériques. En revanche, les affaires se sont révélées décevantes dans la région Asie-Pacifique, en particulier à Hong Kong et Macau.
Au niveau opérationnel, le groupe genevois a dégagé un bénéfice en progression de 10% par rapport à l'exercice précédent, à 2,67 milliards d'euros. Les actionnaires ne sont pas oubliés. Le conseil d'administration leur propose le versement d'un dividende relevé de 14% à 1,60 franc par action.
Progression en Europe et en Amérique
L'Europe (30% des ventes) présente une évolution favorable avec une hausse du chiffre d'affaires de 6% à 3,07 milliards d'euros. Le groupe de luxe note une excellente dynamique dans les destinations touristiques que sont les villes de Paris, Milan, Madrid et Munich.
Les Amériques affichent une solide progression de 13% à 1,59 milliard, a précisé Richemont. Le chiffre d'affaires au Moyen-Orient et en Afrique a connu la plus forte croissance avec une progression de 19% sur un an à 841 millions d'euros (877 millions de francs). A taux de change constants, la croissance ressort à 13%.
Ralentissement en Asie
La région Asie-Pacifique (39% des ventes) a en revanche été décevante, avec une baisse de 1% du chiffre d'affaires à 4,1 milliards d'euros (-6% à taux de change constant). Le Japon a moins bien fait encore, en subissant une contraction de 8% à 814 millions.
Dans le détail des activités, le pôle joaillerie a réalisé un chiffre d'affaires en hausse de 4% à 5,66 milliards d'euros. Son résultat opérationnel a crû de 4% également pour s'inscrire à 1,98 milliard.
Concernant l'horlogerie, le chiffre d'affaires s'est étoffé de 5% en s'établissant à 3,12 milliards d'euros. Le bénéfice d'exploitation s'est en revanche contracté de 6% à 730 millions, une évolution qui reflète l'impact du franc fort et la retenue constatée à Hong Kong et en Chine. Pour les autres activités, les ventes sont en hausse de 2% à 1,6 milliard.
Gel des salaires en Suisse
Pour compenser la hausse du franc, le groupe a pris des mesures d'économies en Suisse. Le président de la compagnie Johann Rupert a indiqué en conférence téléphonique que les directeurs exécutifs du groupe ont accepté de baisser leurs salaires 'afin de donner l'exemple'.
Les salaires des employés en Suisse ont été gelés et les investissements revus à la baisse. 'Nous avons gelé les salaires. Nos employés, dont le pouvoir d'achat en euros a augmenté, ont très bien compris cette situation', a dit M. Rupert. Un tiers des employés du groupe, soit plus de 8700 personnes, travaillent en Suisse, mais beaucoup sont frontaliers.
'Nous sommes aussi très prudents pour les nouveaux engagements et nos investissements', a déclaré M. Rupert. Le responsable a en même temps fait remarquer que le coût des matières premières importées pour produire en Suisse a baissé.
Ajustement des prix
'Nous avons renégocié les contrats avec nos fournisseurs pour tenir compte de cet avantage en terme de coûts', a-t-il précisé. Après l'abolition du taux plancher par la Banque nationale suisse (BNS), Richemont a également relevé ses prix dans la zone euro et les a légèrement diminués dans la zone dollar.
'La Suisse est un très bon endroit pour faire des affaires dans un environnement compétitif et avec des employés très qualifiés. Ce n'est pas notre but de tailler dans les effectifs', a assuré Johann Rupert. Dans le communiqué, Richemont souligne que 'le transfert de ses activités hors de Suisse n'est pas une alternative' au franc fort.
A court terme, le groupe chiffre à 686 millions d'euros la perte provoquée par la réévaluation du franc par rapport à l'euro. 'Je peux rassurer les actionnaires. La position financière globale du groupe et ses réserves de cash n'ont pas été affectées négativement par l'impact de la dévaluation de l'euro par rapport au franc cette année', affirme Johann Rupert dans le communiqué. Les réserves de cash se montent à 5,4 milliards d'euros.
/ATS