UBS estime la Suisse bien préparée pour aborder la 'quatrième révolution industrielle'. Mais la grande banque voit à son tour dans cette mutation une menace pour les emplois à qualification moyenne et basse ainsi que des risques sociaux accrus.
'Nous nous intéressons au long terme ', a déclaré Axel Weber, président du conseil d'administration d'UBS devant la presse invitée à Davos (GR). En prélude à la 46e édition du Forum économique mondial (WEF) qui démarre mercredi, la banque a dévoilé les conclusions de son 'papier blanc' sur les impacts globaux et régionaux d'une nouvelle révolution industrielle.
'Nous croyons qu'elle rendra le monde meilleur, c'est une chance', assure Axel Weber, se référant à l'automation et à la connectivité à l'excès qui caractérisent cette transformation. Mais UBS prévient à son tour d'une modification 'dramatique' pour le développement économique et la redistribution des richesses.
'La Suisse, devant Singapour, se positionne à la première place pour aborder la 4e révolution industrielle', assurent les experts d'UBS. En outre, historiquement, chaque révolution a profité de manière plus que proportionnelle aux pays industrialisés, a assuré Axel Weber.
Retour sur le devant de la scène
La dernière en date ne devrait pas être une exception. D'ailleurs, elle permet aux pays industrialisés de faire leur grand retour sur le devant de la scène, rappelle l'Allemand. Ceux qui sont prêts à la 'flexibilité économique' sont mieux préparés pour l'avenir.
L'intelligence artificielle est l'une des clés de cette révolution. Les pays avec un haut niveau de compétitivité, de qualifications, d'infrastructures, à l'instar de la Suisse, vont en bénéficier, a insisté le président d'UBS.
Sur le front de l'emploi cependant, beaucoup de postes à moyenne et faible valeur ajoutée en pâtiront si les Etats n'interviennent pas. Avec pour résultats, d'exacerber les inégalités sociales et les tensions.
En contrepartie, de nouveaux emplois à très haute qualification seront créés, avec de plus hauts salaires. Au final, la richesse des nations s'en verra étoffée, affirme UBS.
Risques sociaux
Certes, les forces en jeu vont accroître les tensions sociales, selon Axel Weber. Les politiques doivent agir pour mitiger ces impacts. Le secteur bancaire lui aussi risque de voir des emplois intermédiaires détruits. 'Mais nous allons nous adapter et saisir les opportunités', estime le banquier.
Les grands perdants seront néanmoins les pays émergents. Dans la constellation qui se dessine, l'abondance de main-d'oeuvre bon marché cesse de constituer un avantage pour devenir un fardeau. 'Ces pays ont trop misé sur l'importation d'emploi à moindre valeur ajoutée, mais ne disposent ni des infrastructures, ni du système éducatif ou fiscal nécessaire pour s'adapter rapidement'.
L'ère numérique intensifie aussi le danger de cyberattaques. Elle favorise par ailleurs les tensions géopolitiques, en donnant la possibilité à toutes sortes de groupes de s'organiser et de manifester leur opposition.
/ATS