S'ils avaient voté à la mi-octobre, les Suisses auraient accepté les deux initiatives pour des multinationales responsables et contre le commerce de guerre, selon le premier sondage SSR publié vendredi. Le peuple se prononce le 29 novembre.
Une nette majorité de 63% des sondés s'exprimeraient 'certainement en faveur' ou 'plutôt en faveur' de l'initiative 'entreprises responsables - pour protéger l'être humain et l'environnement', selon le sondage de gfs.bern, mené pour la SSR. A l'inverse, 33% auraient voté' contre' ou 'plutôt contre'. Avec 68% de personnes sondées ayant déjà pris une décision définitive, l'opinion est formée à un stade précoce.
Le texte suscite une forte polarisation entre les camps politiques. Les partisans de l'UDC et du PLR sont contre (respectivement à 58% et 66%), alors que ceux de tous les autres partis soutiennent l'initiative. Les soutiens du PDC accepteraient l'objet à 56% et ceux des Vert'libéraux à 78%. A gauche, les sympathisants du PS et des Verts voteraient 'oui' à la quasi-unanimité (respectivement 93% et 95%)
L'initiative serait acceptée dans toutes les régions linguistiques. Le 'oui' de la Suisse alémanique (61%) est toutefois moins prononcé que ceux de la Suisse italienne (67%) et de la Suisse romande (70%). Les femmes (72%) sont beaucoup plus favorables au texte que les hommes (55%).
Le soutien est solide auprès des femmes, des personnes à bas revenus ou à faibles niveaux d'éducation, ainsi que dans l'environnement gauche-vert, relève gfs.bern. Tous les autres groupes de population peuvent encore être influencés par les campagnes.
Besoin de 'fair play'
L'argument le plus soutenu en faveur de l'initiative plaide pour davantage de 'fair-play' dans le monde des affaires et s'oppose à l'obtention d'avantages concurrentiels suite au comportement irresponsable d'une entreprise. Selon une majorité (70%), les mesures bénévoles ne suffisent pas et les multinationales doivent assumer les conséquences de leurs actions irresponsables.
Chez les opposants, deux arguments récoltent une majorité: 59% sont craignent que non seulement les multinationales, mais aussi les PME suisses seraient concernées par le texte et que des contrôles intensifs devraient être mis en place. Une majorité de 56% craint également des dommages pour la place économique.
Plus serré pour le commerce de guerre
L'initiative visant à interdire le financement des producteurs de matériel de guerre affiche, quant à elle, un plus faible soutien national, mais serait acceptée à 54%. A l'inverse, 41% des sondés seraient 'contre' ou 'plutôt contre'. Si ce texte suit l'évolution normale de la formation de l'opinion sur les initiatives, il échouera toutefois, note gfs.bern.
Les femmes voteraient en faveur de l'initiative avec un taux 'exceptionnel' de 63%. En revanche, l'objet ne réunit pas de majorité auprès des hommes (44% de oui).
On observe également une nette polarisation selon le schéma gauche-droite. Le soutien le plus fort émane des sympathisants des Verts et du PS (oui à 91% et 87%). Contrairement à la recommandation du parti, une nette majorité (65%) de soutiens des Vert'libéraux veulent également des restrictions pour le commerce de matériel de guerre.
Les sympathisants du PDC diraient 'non' à 56%. Parmi les partisans du PLR et de l'UDC, seulement 20% et 29%, respectivement, tendent à soutenir l'initiative.
Corrélé au revenu
Globalement, plus le revenu est élevé, plus la part de l'intention de vote pour le 'non' est élevée, remarque gfs.bern. Au niveau régional, les différences sont davantage prononcées selon le lieu de résidence que selon les régions linguistiques: plus l'agglomération est grande, plus il y a d'affinités en faveur de l'initiative.
Le 'oui' l'emporterait dans toutes les régions linguistiques. La Suisse alémanique accepterait l'initiative à 53%, tout comme la Suisse romande. La Suisse italienne est un peu plus favorable (oui à 58%).
L'argument selon lequel l'argent des fonds de pensions ne devrait pas être destiné à la production de matériel de guerre récolte le plus fort soutien (71%) en faveur du texte. Dans le camp du 'non', l'argument selon lequel l'argent sera de toute façon investi dans les produits de matériel de guerre et que 'si ce n’est pas nous, d'autres finiront par gagner de l'argent avec ce commerce', réunit une majorité (65%).
La première enquête Trend de la SSR a été réalisée entre le 5 et le 19 octobre, auprès de 15'267 personnes. La marge d'erreur statistique est de +/- 2,9 pour cent.
/ATS