La Stratégie énergétique 2050 du Conseil fédéral divise l'économie. Jusqu'à présent, des voix critiques s'étaient fait entendre. Une alliance d'entreprises et d'associations économiques prend désormais le contre-pied et se distancie de la faîtière economiesuisse.
Stopper la marche en avant de la Stratégie 2050, comme le demande economiesuisse, 'est absolument impensable', a déclaré vendredi à Berne devant les médias Wolfgang Schwarzenbacher, patron de l'entreprise d'installation de chauffages et de climatisations Cofely.
L'alliance 'L'économie suisse pour la stratégie énergétique 2050' regroupe 15'000 à 20'000 sociétés. Elle a lancé vendredi une campagne d'information. 'La transformation du système énergétique ainsi qu’un approvisionnement énergétique sûr et durable sont non seulement souhaitables, mais aussi réalisables et finançables', écrit-elle dans un communiqué.
Outre Swisspower, les CFF et BKW (Forces motrices bernoises), divers services industriels municipaux et la branche du tourisme soutiennent l'initiative. Sont également de la partie des associations comme Holzbau Suisse, la faîtière des entreprises de construction en bois, et l'AEE Suisse, faîtière de l'économie des énergies renouvelables.
Projet générationnel
Interrogé par l'ats, Stefan Batzli, directeur de l'AEE, estime que la nouvelle alliance représente environ 25% de l'économie nationale. 'La Stratégie énergétique 2050 est un projet générationnel qui permet la mise en place d’un système énergétique moderne et garantit un développement sain de la place économique suisse', assure l'association.
Celle-ci considère que la politique énergétique du Conseil fédéral est 'une grande chance' pour l'économie suisse. Elle permettra à long terme de libérer le pays de sa dépendance aux énergies fossiles et au nucléaire.
Bénéfices et responsabilité
L'alliance n'a que peu de compréhension pour les milieux économiques qui critiquent la voie choisie par le Conseil fédéral. Hans Rupli, président de Holzbau Suisse, estime qu'ils ont une vision à court terme. Il en va d'investissements pour le futur, qui doivent assurer la compétitivité à moyen et long terme.
'Naturellement, on peut nous reprocher de soutenir la stratégie 2050 parce que nous allons en profiter', a admis M. Rupli. Mais il faut considérer aussi les bénéfices pour l'économie et l'aspect de la responsabilité. La consommation des ressources doit baisser.
Campagne d'affichage
Dès lundi, des affiches 'L'économie suisse pour la stratégie énergétique 2050' seront déployées en Suisse. La campagne d'information vise à montrer simplement et concrètement les bénéfices qu'apportera la stratégie. Elle veut montrer ce qu'il est déjà possible d'atteindre aujourd'hui, comme les bâtiments avec un bilan énergétique positif.
L'alliance a déjà en vue une éventuelle campagne de votation, selon Kurt Frei, patron de l'entreprise Flumroc. Pour l'instant, elle veut gagner à sa cause d'autres entreprises.
Les responsables se montrent confiants, tout en reconnaissant aussi qu'ils ont essuyé des refus, notamment de commerces de détail et de banques. Ceux-ci ne rejettent pas la stratégie énergétique, mais ne veulent pour l'instant pas faire partie de l'alliance.
Aux Etats
La balle est dans le camp du Parlement. Après le National en juin, le Conseil des Etats se penchera lors de la session d'automne sur la Stratégie énergétique du gouvernement.
En commission, le projet a été approuvé avec moins de retouches qu'à la Chambre du peuple. La durée d'exploitation des centrales nucléaires ne devrait pas être limitée. Par contre, les énergies renouvelables devraient être encouragées à travers une augmentation de l'injection de courant vert dans le réseau.
L'alliance espère encore des améliorations, mais se montre satisfaite de la direction prise par le projet.
Les opposants craignent de leur côté des dommages pour l'économie. L'exigence d'arrêter le train en marche de la stratégie 2050 a été notamment lancée par economiesuisse après la décision par la Banque nationale suisse d'abandonner le taux plancher entre franc et euro en janvier dernier.
L'économie suisse ne doit pas être affectée doublement, avait alors dit son président Heinz Karrer. Au Parlement, ces arguments sont portés par l'UDC et le PLR.
/ATS