La ville corse d'Ajaccio rend hommage à Tino Rossi, le plus illustre de ses fils avec Napoléon. "Tino" est l'un des rares artistes français à avoir vendu plus de 500 millions de disques dans le monde entier.
Spectacles, expositions, publications, visites de sa propriété, marquent l'anniversaire de la disparition du "Rossignol d'or", décédé à 76 ans le 26 septembre 1983, après 50 ans de "règne absolu", comme le souligne la dernière biographie le concernant, "Le vrai Tino", parue cette semaine.
"Tino est avant tout pour nous un mythe. Il a été l'ambassadeur de notre île à laquelle il empruntait les traits: chaleureux et pudique", a déclaré le maire d'Ajaccio, Simon Renucci, lors d'une réception samedi à l'hôtel de ville. "Grâce à lui, l'âme corse gagnait une reconnaissance. Notre langue et notre accent aussi".
Chaque jour, des milliers de visiteurs viennent se recueillir devant le sobre tombeau de marbre noir au cimetière marin d'Ajaccio, sur la route des îles Sanguinaires. Quelques kilomètres plus loin, comme en pèlerinage, ils s'arrêtent au Scudo, la propriété acquise par l'artiste en 1952 au bord du golfe d'Ajaccio.
Frénésie féminine
Autre étape du souvenir, la maison natale de Constantino Rossi, né le 29 avril 1907 dans la rue Fesch, l'une des plus anciennes artères du coeur historique d'Ajaccio. Tino, surnommé d'abord Tintin, y grandit au sein d'une famille pauvre de neuf enfants. Son père, un modeste tailleur, espérait qu'il lui succéderait ou, mieux, qu'il deviendrait... secrétaire de mairie.
Mais le beau gosse, archétype du "latin lover", à l'exceptionnelle voix veloutée à deux octaves et demie et au sourire enjôleur, aimait chanter. Et, de son premier 78 tours en 1932 à son ultime et triomphal récital d'adieu au Casino de Paris en 1982, une année avant de succomber à un cancer, son exceptionnel talent et la bonne fortune lui ouvrirent les chemins de la gloire.
Idolâtré par des femmes qui parfois se jetaient sous sa voiture ou se dénudaient dans ses récitals, des dizaines d'années avant que le phénomène se banalise avec les Beatles, le "tenorino de l'amour heureux" est toujours demeuré réservé, sans jamais renier ses origines.
En cinquante ans, Tino Rossi interpréta au total 1363 chansons. Il joua également dans une quarantaine d'opérettes et de films.