Un tribunal d'Istanbul a ordonné vendredi la remise en liberté de l'ancien chef d'état-major de l'armée turque, le général Ilker Basbug. Il a été condamné en 2013 à la prison à vie pour complot contre le gouvernement islamo-conservateur.
Dans un jugement rendu jeudi, la Cour constitutionnelle turque avait jugé que les droits du général Basbug avaient été bafoués. Ses précédentes demandes de remise en liberté et d'appel de son procès n'auraient pas été "effectivement examinées".
Cette remise en liberté, symbolique, intervient alors que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, empêtré dans un scandale de corruption sans précédent, s'est déclaré favorable à un nouveau procès des militaires condamnés pour avoir tenté de renverser son gouvernement, au pouvoir depuis 2002.
A l'issue de deux procès retentissants en 2012 et 2013, plusieurs centaines d'officiers, dont le général Basbug et de nombreux officiers de très haut rang, avaient été condamnés à de lourdes peines de prison pour complot contre le gouvernement. Les militaires condamnés ont toujours dénoncé ces jugements, faisant valoir que les preuves utilisées par le tribunal avaient été manipulées.
M. Erdogan, qui avait jusque-là multiplié les purges et les procès contre l'armée considérée comme hostile à son régime, avait opéré un retournement spectaculaire en se déclarant en décembre prêt à de nouveaux procès, deux semaines après le début d'un scandale de corruption sans précédent visant des dizaines de ses proches.
Dans la foulée de ses déclarations, l'état-major de l'armée turque a déposé fin décembre deux requêtes en révision des deux procès. En réaction aux accusations de corruption qui le visent, M. Erdogan a engagé des purges sans précédent dans la police et la justice. Elles sont accusées d'abriter le coeur d'un complot politique ourdi contre lui par ses ex-alliés de la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen.
Depuis l'inculpation en décembre de dizaines de proches du régime, patrons, élus ou hauts fonctionnaires, soupçonnés de corruption, l'opposition exige la démission de M. Erdogan. Des conversations téléphoniques le mettant directement en cause dans les affaires de corruption sont publiées sur internet depuis la semaine dernière.