Sony annule la sortie du film controversé "L'interview qui tue!"

Sony Pictures annule la sortie du film "The Interview" (L'interview qui tue!), parodiant un projet d'assassinat du dirigeant nord-coréen, après des menaces de pirates informatiques qui seraient téléguidés par Pyongyang. Les sorties sur le marché international semblent compromises.

"Sony Pictures n'a plus aucun projet de sortie pour le film", a indiqué sans plus de détails une porte-parole du studio. Cette déclaration va plus loin que le communiqué du groupe, diffusé quelques heures plus tôt.-

Celui-ci ne parlait que de l'annulation de l'exploitation en salles aux Etats-Unis. Les sorties sur le marché international, en vidéo à la demande, ou en DVD, semblent désormais elles aussi compromises.

Le film, une parodie sur un complot fictif de la CIA pour assassiner le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, devait sortir le jour de Noël et le 11 février en Suisse romande.

Tempête de critiques

L'annulation de sa sortie du film a déclenché une tempête de critiques, les acteurs regrettant notamment que Sony ait capitulé devant les pirates informatiques.

Le président Barack Obama a pour sa part enjoint Américains à ne pas se laisser impressionner par les menaces: "ma recommandation c'est 'allez au cinéma'", a-t-il affirmé à la chaîne ABC.

Nouvelles menaces

La décision de Sony Pictures Entertainment (SPE) fait suite à l'annonce mercredi par les plus grandes chaînes de cinéma américaines, comme Regal, AMC ou Carmike, qu'elles ne diffuseraient pas la comédie controversée.

Le studio a aussi reçu mardi de nouvelles menaces des pirates (les GOP "Guardians of peace") qui avaient revendiqué l'attaque informatique majeure lancée contre Sony fin novembre.

Attaque commanditée

Les enquêteurs américains seraient à présent convaincus que la Corée du Nord a commandité cette attaque informatique dévastatrice, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier, confirmant des informations de médias américains.

La Corée du Nord est très irritée par ce film qui met en scène son leader. Pyongyang a nié être à l'origine de l'attaque tout en louant ceux qui l'avaient commise.

Les pirates informatiques avaient aussi menacé les spectateurs qui désiraient aller voir ce long métrage. "Rappelez-vous le 11 septembre 2001. (...) Tout ce qui va se passer dans les prochains jours sera dû à la cupidité de SPE. Le monde entier dénoncera Sony", ont-ils conclu, dans un récent message sur le site Pastebin.com.

Avant-première annulée

L'avant-première du film au cinéma Landmark Sunshine avait déjà été annulée à New York, à la suite de ces menaces. Les stars du film Seth Rogen et James Franco ont aussi décliné toutes leurs apparitions publiques pour la promotion le film.

"Wow, tout le monde s'est couché. Les pirates ont gagné. Ils remportent une victoire éclatante", a réagi sur Twitter l'acteur Rob Lowe, très remonté. Celui-ci fait une apparition dans le film.

"J'ai vu Seth Rogen à (l'aéroport) JFK. Aucun de nous n'avait jamais vu ou entendu chose pareille. Hollywood a rendu Neville Chamberlain très fier aujourd'hui", a-t-il ajouté en référence au dirigeant britannique qui avait joué l'apaisement avec Hitler avant la Seconde Guerre mondiale.

Impact financier

Les pirates ont mis en ligne de nombreux documents, emails, adresses et même numéros de sécurité sociale de 47'000 employés de Sony Pictures. Il s'agit d'une des plus importantes attaques informatiques ayant jamais touché une entreprise.

L'impact financier global pour Sony Pictures de cette attaque informatique sophistiquée aura un impact financier jugé majeur par un expert en sécurité informatique de la firme Symantec. Il reste cependant difficilement quantifiable à ce stade.

/ATS


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