Le chanvrier Bernard Rappaz publie un livre. "Pionnier !" raconte son parcours mouvementé, de l'agriculture biologique à son combat pour la légalisation du chanvre, via la case prison.
Condamné à près de six ans de réclusion pour commerce de chanvre, Bernard Rappaz a purgé plus de la moitié de sa peine et se trouve en régime de semi-liberté, en "logement externe". Il a présenté à la presse l'ouvrage écrit "quasiment tout" en prison et publié aux Editions Favre.
"J'avais envie de parler une fois par moi-même, il y a tellement de médias qui écrivent pour moi", a-t-il expliqué. "L'écriture, en prison, c'était une forme d'évasion", a ajouté celui qui a mené en détention plusieurs grèves de la faim hautement médiatisées.
Bernard Rappaz a commencé à écrire en 1997, lors d'un de ses premiers passages derrière les barreaux. Le livre rédigé au fil des ans revient largement sur son engagement pour la culture du chanvre, mais relate aussi son parcours, ses rencontres. En 1975, il a été le premier Valaisan à planter une éolienne dans son jardin.
Comme un moine bouddhiste
Durant son incarcération, l'homme, qui a aujourd'hui 60 ans, a essayé de "positiver". "Je me suis mis dans la peau du moine bouddhiste qui se retire dans un monastère. C'est comme ça que j'ai supporté la prison", a-t-il raconté.
Toujours révolté, Bernard Rappaz juge totalement disproportionnée la peine qui lui a été infligée. "C'était délirant de me mettre six ans". La justice l'a condamné comme un trafiquant de drogue, lui se voit comme un "militant" et un "simple cultivateur".
Il conteste avoir agi par appât du gain. "On a tout fait pour me diaboliser", plaide celui qui travaille aujourd'hui à Saxon (VS) dans la vente d'isolation végétale pour les bâtiments, "à nouveau un travail de pionnier".
Le Valaisan reste persuadé que la libéralisation du chanvre va arriver en Suisse. "On est en route vers un marché réglementé. Les Etats-Unis sont en train de changer", a-t-il ajouté.